l’Histoire du club 👇
Créée en 1852 à South Bend dans l’Indiana, Studebaker est une marque populaire aux Etats-Unis, d’abord pour ses chariots et ses voitures hippomobiles puis pour ses automobiles. Elle est présente en France pour ces dernières depuis 1912, et connaît dès lors divers importateurs jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Mais c’est à partir du Salon de Paris en octobre 1946 que la marque s’impose réellement dans l’Hexagone à l’initiative des Etablissements E. Dujardin installés rue de Charenton à Paris. Dès lors « la Studebaker », reconnue pour sa qualité et sa fiabilité, mais aussi pour son excellente finition et son équipement moderne complet, est considérée un véritable symbole de luxe. La parité entre le franc et le dollar, très défavorable, et des droits de douane particulièrement protectionnistes transforment chaque Studebaker importée en une automobile d’exception. A une époque où les personnalités en vue, comme Michèle Morgan, Charles Vanel ou Henri Salvador, ne peuvent plus s’offrir les Delahaye, Delage ou Bugatti d’antan, les modèles Studebaker comblent parfaitement ce vide. Affichant alors un prix généralement équivalant à celui de deux Citroën DS, elle offre un niveau d’équipement élevé et un style original qui correspondent parfaitement aux attentes de cette clientèle aisée, désireuse d’afficher sa réussite sociale.
 La Naissance d’une Amicale Franco-Belge
Au milieu des Années soixante-dix, Christian Charras, un passionné de la marque, se met à la recherche d’autres propriétaires de Studebaker. La marque a disparu du paysage français depuis une décennie, et l’entretien ou la restauration de ces voitures commence à poser de sérieux problèmes. Après avoir publié des annonces dans La Vie de L’Auto dans ce but, il réunit à Paris, un jour de printemps 1977, un premier groupe de propriétaires autour de leurs voitures. Parmi eux, il y a les frères Olivier et Stéphane Mason et Paul Lombart, venu de Belgique, tous encore membres actifs du club aujourd’hui. Ce groupe officialise rapidement son existence en créant une association loi 1901 et Jean Paloumet en devient le premier président.
L’intérêt prononcé des Belges pour Studebaker s’explique par un fait historique majeur puisque ‘usine du carrossier D’Ieteren de Bruxelles a assemblé pas moins de 18 759 voitures et 2 916 petits camions Studebaker entre 1949 et 1965. Elle a aussi assemblée des Porsche, des Packard ainsi que de près d’un million de Volkswagen. Au cours des Années cinquante, outre-Quiévrain, il est courant de trouver un agent Studebaker tous les trente kilomètres !
La création de cette association internationale soulève même une question inédite au ministère de l’Intérieur français qui n’a jamais eu à débattre de l’autorisation d’une association de type loi 1901 à vocation internationale. C’est pourquoi, à ses débuts, l’Amicale Studebaker fonctionne avec un président, mais aussi deux trésoriers, un Belge et un Français, avec deux comptes bancaires distincts. L’euro n’existe pas encore…😮 Karl Goret, ancien agent principal Studebaker en Belgique devient rapidement le deuxième président de l’association et assure la fonction pendant de nombreuses années. Stéphane Mason est alors vice-président, Christian Charras trésorier français, Philippe Rottesmann trésorier belge et Olivier Mason secrétaire.
Les Etablissements D’Ieteren deviennent aussi à cette époque membre de L’Amicale Studebaker et, en plus de fournir de nombreux documents originaux, financent généreusement l’impression de tous les bulletins. Un service de pièces détachées est mis en place par les frères Mason et Christian Charras, bénéficiant de l’expertise de Karl Goret et de ses contacts avec les fournisseurs américains. Succédant à Karl Goret, Philippe Rasse assure ensuite la présidence de L’Amicale jusqu’en 2014.
Un Réseau Européen et un Nouvel Élan
Au fil des ans, quatre autres clubs Studebaker voient le jour en Europe avec la Suisse, les Pays-Bas, la Suède et la Grande-Bretagne. Ces clubs s’unissent à l’Amicale Studebaker Franco-Belge pour organiser à tour de rôle une rencontre internationale annuelle dans leur pays respectif. Cet événement rassemble à chaque fois entre trente et cinquante équipages, et il n’est pas rare d’y croiser des amis canadiens ou américains venus passer leurs vacances en Europe. La dernière édition de la Rencontre Européenne Studebaker organisée par la France s’est déroulée près de Saumur en 2023. Après la Suède en 2024, c’est au tour de la Grande-Bretagne de prendre le relai en 2025. Quatre équipages français sont déjà inscrits !😎
Pendant longtemps, le nombre des adhérents de l’Amicale Studebaker se maintient autour d’une centaine. Cependant, le vieillissement des membres et de leurs voitures entraîne inévitablement un espacement des sorties et un éclaircissement des rangs. En 2014, le club ne compte ainsi plus que plus que vingt-huit membres et n’a plus rien organisé ni publié depuis deux ans. Une nouvelle équipe emmenée par Gérard Chapuis prend alors la relève, insufflant un nouvel élan à l’Amicale avec des sorties régulières et une aide précieuse pour la restauration des automobiles.
Aujourd’hui, la majorité des membres du bureau sont basés dans la même région des Pays de La Loire, ce qui facilite grandement leur travail. L’Amicale compte de nouveau une bonne centaine de membres actifs, et les comptes bancaires belge et français ont été fusionnés en un seul au siège social en 2014.
Cet élan se concrétisé par la création d’un site Internet en septembre 2020. Celui-ci a parmi ses objectifs de réduire le principal handicap de l’Amicale depuis sa création que constitue l’éloignement géographique de ses membres. De l’Allemagne eu Portugal, leur présence en Europe s’étend sur près de deux mille kilomètres. L’Amicale dispose également d’un groupe Facebook dédié, très fréquenté par des passionnés de Studebaker de toute l’Europe et du monde entier. Le réseau mis en place au fil des ans par L’Amicale Studebaker se révèle être aujourd’hui un atout inestimable pour la recherche de pièces détachées rares et pour l’obtention de conseils techniques. Ironiquement, l’approvisionnement en pièces pour une marque disparue depuis le milieu des Années soixante est souvent plus simple que pour certaines marques européennes populaires toujours en activité au XXIe siècle.
Amicale Studebaker
97 route de Fayet
49630 MAZE-MILON
Site Internet du CLUB :Â Accueil



L’Interview du Président
Gérard Chapuis
Comment favorisez-vous les échanges et l’interaction entre les membres du club ?
La publication d’un bulletin avec l’actualité de la vie du club et des reportages sur les chantiers de restauration en cours, une rubrique technique et des petites annonces à raison de trois parutions par an tend à s’essouffler et on est maintenant retombé à deux à l’occasion des grands événements de l’année.
L’activité sur Facebook explose littéralement depuis deux ans et prend un peu le relais.
Nous avons tenté de créer un forum propre au club, mais la fréquentation est restée très décevante et nous n’avons pas vraiment compris pourquoi, peut-être en raison de notre taille.
Nous profitons des salons comme Epoqu’Auto à Lyon et Historic Auto à Nantes, auxquels nous exposons un véhicule pour provoquer des rendez-vous avec les membres de la moitié est ou de la moitié ouest de la France autour d’un repas au restaurant ou pour refaire le monde sur notre stand.
Nous venons de créer en mai 2025 la fonction de délégué régional (un « sud-est », un « sud-ouest », un « nord et Belgique » et un en « Hollande » pour décentraliser les animations, car notre club reste un petit club par le nombre d’adhérents mais la répartition géographique couvre maintenant neuf pays.
Est-ce que votre club automobile collabore avec d’autres clubs ou organisations similaires ?
Oui et de façon régulière pour des sorties communes à l’occasion de la JNVE ou de la journée du patrimoine, ou bien à l’occasion d’une fête populaire ayant lieu tous les deux ans au château de Montgeoffroy à Mazé. Cette fête réunit à chaque fois deux cents à trois cents voitures anciennes de toutes marques et deux mille à trois mille visiteurs. Avec notre club seul, il est difficile de réunir plus de dix à quinze véhicules. En se regroupant avec d’autres on aide à faire connaitre la marque et son histoire au plus grand nombre.
Accueillez ou acceptez-vous des jeunes qui n’ont pas forcément les moyens de rouler en ancienne ?
C’est une des choses les plus importantes à nos yeux si on veut assurer la pérennité du club. Il nous est arrivé une fois d’inviter des jeunes en passagers dans nos voitures pour une sortie « pique-nique » et la journée s’était merveilleusement bien passée, mais il n’est pas toujours facile de faire tomber les barrières et les clichés. On essaie de se creuser la tête pour créer des « parrainages ». On a pensé à des balades communes avec des deux roues car les Solex et les vieilles bicyclettes sont accessibles à toutes les bourses et le rôle de « voiture balai » ou « véhicule d’assistance » pourrait être utile et on pourrait parler de nos autos autour du verre de l’amitié. Mais on doit progresser sur ce sujet.
Quels sont les types d’activités et d’événements organisés par le club qui vous ont le plus marqué ?
L’organisation d’un meeting européen et même la simple participation à ce genre d’événement est une expérience exceptionnelle. Quand nous sommes arrivés en Suède au volant d’une Toyota de location parce que l’allumage de notre Studebaker nous avait lâché à St Quentin avec des fils de bougies neufs mais résistifs, incompatibles avec la tête d’allumeur neuve d’époque, un suédois m’a prêté sa Studebaker pendant deux jours. Il est arrivé que les participants parlent neuf langues maternelles différentes dans ces réunions, mais avec quelques notions d’anglais, l’aide des mains, des mimiques expressives, quelques verres de boissons locales et des chansons tout le monde se comprend et partage avec plaisir.
Comment un club automobile pour voitures anciennes peut-il aider à préserver l’histoire et la valeur culturelle de ces véhicules ?
C’est une des raisons d’être d’un club de marque comme le nôtre. Nous sommes capables de fournir n’importe quelle pièce détachée avec les documents techniques traduits et adaptés. Nous rééditons des documents publicitaires d’époque et les manuels du propriétaire. Nous disposons de toutes les archives permettant d’identifier un véhicule ou de le reconstruire à l’identique !
Quels sont les programmes ou quel est le programme de la FFVE que vous soutenez le plus, et pourquoi ?
Au sein de l’Amicale Studebaker, il n’est pas rare que les membres possèdent d’autres véhicules. Au lieu de sortir en ordre dispersé avec n’importe quoi ce jour-là , c’est une dizaine de Studebaker qui se retrouvent pour se montrer et partager un itinéraire un lieu d’arrivée ou un pique-nique avec d’autres. La JNVE est ainsi devenue pour nous incontournable car elle nous permet de réunir les membres d’une même région autour d’une sortie groupée avec d’autres clubs et de faire connaitre une marque injustement oubliée au plus grand nombre. La journée du patrimoine est une deuxième occasion dans l’année pour réaliser cette promotion.
Les conférences de la FFVE offrent des conseils pertinents aux membres du bureau pour tout ce qui concerne la règlementation et les assurances. L’activité dans un groupe de travail comme celui réunissant les clubs fournisseurs de pièces détachées est évidemment quelque chose qui nous concerne particulièrement.
Pouvez-vous partager une expérience personnelle où le soutien d’un club automobile pour voitures anciennes vous a été particulièrement bénéfique ?
En tant que responsable de l’activité fourniture de pièces détachées j’ai évidemment considérablement enrichi mon expertise en ce qui concerne la marque, ses points faibles et les astuces de fiabilisation de mes propres véhicules. Mais je n’aurais jamais imaginé que le gars au quel j’avais apporté mon aide pour la reconstruction de sa Studebaker Lark 1963 serait cinq ans plus tard le seul en Europe capable de me fournir un arbre de roue de scooter Vespa 1951.
Comment un club automobile pour voitures anciennes peut-il faciliter l’accès à des ressources et des informations spécifiques à ce type de véhicules ?
Lorsqu’un nouveau membre s’inscrit à l’Amicale Studebaker nous proposons de lui fournir une clé USB contenant les éléments suivants :
L’histoire de la marque Studebaker (103 pages)
L’histoire de la marque en France (50 pages)
L’Histoire de la marque en Belgique (17 pages)Le manuel de l’utilisateur de sa voiture en français (40 pages)
Un fac-similé des tarifs français d’époque
Des reproductions des catalogues publicitaires
Des reproductions en français des essais d’époque (quand ils existent)Le Catalogue complet de toutes les pièces détachées mécaniques d’époque de sa voiture (300 à 400 pages illustrées)
Le catalogue complet de toutes les pièces détachées carrosserie d’époque de sa voiture (400 à 500 pages illustrées)
Le manuel d’atelier d’époque destinées aux agents de la marque (en américain) pour l’entretien et les réparations de sa voiture.
Un document résumant de manière illustrée et en français tout ce qui a pu être réalisé par des membres du club pour reconstruire dans les règles de l’art avec de l’outillage contemporain une voiture identique à la sienne (des centaines de pages)
D’autre part l’adhésion donne accès à toute l’aide personnalisée possible par téléphone, courriel, et n’importe quel moyen de communication dispensée bénévolement par quelques membres du bureau de plus en plus experts de la marque.
Quels sont les avantages sociaux et communautaires d’être membre d’un club automobile pour voitures anciennes ?
L’expérience m’a prouvé que lorsqu’une passion est réellement partagée toutes les barrières sociales, ethniques et culturelles sont balayées. Nos membres prennent un réel immense plaisir à partager des moments de convivialité, à rire, boire, manger, danser et chanter après un visite culturelle passionnante lors d’une balade en ancienne. Et lorsqu’une voiture reprend la route après des années d’efforts partagés avec quelques copains c’est un vrai bonheur.
Quels sont les défis auxquels les propriétaires de voitures anciennes sont confrontés et comment un club automobile peut-il les aider à les surmonter ?
Il y a plusieurs défis d’abord d’ordre technique :
– Trouver les pièces manquantes et les réassembler. Notre club s’en occupe efficacement et a contribué à la restauration et à l’entretien d’une cinquantaine de véhicules au cours des dix dernières années
– Puis d’ordre administratif : Réussir à obtenir une carte grise un contrôle technique une assurance… L’expérience acquise, la possibilité d’identifier un véhicule et de confirmer son authenticité. La documentation pléthorique du club et nos relations privilégiées avec le musée de la marque aux USA nous permet de produire le bon de sortie d’usine de chaque véhicule avec ses caractéristiques et ses numéros.
– Et aussi d’ordre financier : la mutualisation des approvisionnements auprès de spécialistes aux USA nous permet de profiter de conditions avantageuses et de réduire les couts de transports.
– L’ultime défi et non le moindre, est celui d’oser rouler avec un véhicule de plus de soixante à soixante-dix ans. Le fait de rouler en convoi avec un ou deux experts et leur outillage de premier secours rassure.


