Femmes et automobiles à la Belle Époque, une révolution en marche 😉

Fév 19, 2024 | Actualités, HISTOIRE

Citroen Karin concept 1980 les commandes sont circulaires autour du volant pas rond

L’avènement de l’automobile à la fin du XIXe siècle bouleverse les codes sociaux et offre aux femmes une nouvelle liberté

 

 

 

                 

 

D’abord simples passagères aux côtés d’inventeurs comme Levassor ou Renault, elles s’emparent rapidement du volant, défiant les conventions et s’affirmant comme des pionnières de l’émancipation féminine.

Dès 1898, des figures audacieuses comme la duchesse d’Uzès et Camille du Gast font sensation en conduisant des bolides. Mais leur intrusion dans un monde dominé par les hommes ne se fait pas sans heurts. La presse s’empresse de les critiquer, dénigrant leurs compétences et jugeant inconvenante leur soif d’indépendance.

Malgré les réticences et les obstacles, les femmes sont de plus en plus nombreuses à passer leur permis de conduire. La « locomotion nouvelle » leur procure un sentiment de liberté et d’accomplissement personnel. Au-delà du plaisir de la conduite, l’automobile devient un symbole d’émancipation, un moyen d’affirmer leur individualité et de sortir du carcan social qui les enferme.

L’émergence de la femme au volant bouleverse les codes vestimentaires.

La traditionnelle crinoline est abandonnée au profit de tenues plus pratiques et confortables, adaptées aux exigences de la conduite. Des couturiers comme Chanel s’emparent de cette nouvelle tendance, créant des vêtements qui libèrent les mouvements et célèbrent l’audace féminine.

L’impact de l’automobile sur la condition féminine ne se limite pas à la sphère privée. De nombreuses femmes s’affirment comme des pionnières dans le domaine de la course automobile, défiant les préjugés sexistes et prouvant leurs talents sur les circuits. Des figures comme Camille du Gast ou Hellé Nice s’imposent comme des championnes, forçant le respect et l’admiration d’un public encore frileux.

La « machine infernale » devient un outil d’émancipation

L’alliance entre les femmes et l’automobile à la Belle Époque symbolise une époque de profonds changements sociaux. La « machine infernale » devient un outil d’émancipation, permettant aux femmes de briser les conventions et de conquérir de nouveaux espaces de liberté. L’automobile représente un pas important vers l’égalité des sexes, une révolution en marche qui continue de se dessiner aujourd’hui.

L’histoire des femmes et de l’automobile à la Belle Époque est un récit fascinant qui met en lumière l’audace et la détermination de femmes pionnières. Leur combat pour s’approprier cet engin révolutionnaire a contribué à faire évoluer les mentalités et à ouvrir la voie à une société plus égalitaire.

Portraits de femmes,  en ce temps là…

Anne-Marie de Crussol d’Uzès

« La duchesse est brevetée ! Mon Dieu oui, brevetée et conducteur d’automobile encore ! Voilà une nouvelle très véridique qui étonnera bien des gens ! » Le journal La Vie au Grand Air célèbre ainsi et en ces mots l’exploit de la duchesse d’Uzès, qui, à l’âge de 51 ans, devient la première femme au monde à obtenir son permis de conduire. 

Le 15 mai 1998, au Bois de Boulogne, la duchesse d’Uzès réussit brillamment son examen de conduite à bord de sa toute nouvelle Delahaye bicylindre, accompagnée de trois examinateurs de la Préfecture de police. À la fin du parcours, effectué à une vitesse moyenne de 20 km/h, elle obtient son « certificat de capacité », prédécesseur du permis de conduire.

Quelques mois plus tard, elle devient également la première femme à recevoir une amende pour excès de vitesse : 5 francs à payer pour avoir dépassé la limite de 12 km/h en ville, roulant à 15 km/h.

La duchesse d’Uzès, arrière-petite-fille de la célèbre veuve Cliquot (fameux champagne), hérite de sa considérable fortune en 1866. Sous son nom de jeune fille, Marie-Clémentine de Rochechouart-Mortemart, elle épouse cette même année le duc d’Uzès, avec qui elle connaîtra un bonheur parfait, bien que malheureusement de courte durée.

Pionnière de l’automobile au caractère bien trempé

Dès 1898, elle défie les conventions en conduisant sa propre voiture, devenant l’une des premières femmes à obtenir le permis de conduire.

Son caractère affirmé et sa passion pour la vitesse lui valent une réputation sulfureuse. Elle collectionne les amendes pour excès de vitesse et n’hésite pas à s’engager dans des courses automobiles, défiant les hommes sur leur terrain.

Cependant, son attitude arrogante et ses opinions réactionnaires lui attirent de nombreuses critiques. Elle est accusée d’être insensible aux misères du peuple et de mépriser les femmes de son époque.

La duchesse d’Uzès incarne une image complexe de la femme moderne de la Belle Époque. Pionnière audacieuse dans un domaine dominé par les hommes, elle reste néanmoins une figure controversée de par son caractère hautain et ses convictions conservatrices.

 

Camille Crespin du Gast

la Walkyrie de la Mécanique

 

   

Pionnière de l’automobile et figure audacieuse de la Belle Époque, s’est illustrée par sa passion pour la course automobile et son engagement dans divers combats sociaux.

Malgré son absence de victoire en course, elle a marqué l’histoire par son courage et sa détermination face aux préjugés sexistes de l’époque.

Ses exploits notables incluent :

  • Sa participation à la course Paris-Berlin en 1901, terminant 33ème sur 147 participants.
  • Son assistance au pilote blessé Phil Stead lors de la course Paris-Madrid en 1903, au détriment de son propre classement.
  • Son échappée miraculeuse d’une noyade lors d’une course de bateau à moteur en 1905.
  • En 1901, elle possède deux véhicules en son nom propre, une Peugeot et une Panhard et Levassor.

Elle écrit l’histoire en devenant la première Française à concourir dans une course automobile de vitesse lors du Paris-Berlin de 1901. Grâce à sa Panhard-Levassor 20CV6, elle se classe trente-troisième parmi 122 participants. Elle est également la deuxième femme au monde à se lancer dans une compétition mécanique, après la baronne Hélène de Zuylen, bien qu’elle ait concouru dans la catégorie tourisme plutôt que vitesse. La troisième femme, probablement, est la championne britannique Dorothy Levitt. Son intérêt pour les courses automobiles semble être né de son observation du départ de la Coupe Gordon Bennett en 1900 (de Paris à Lyon).

En 1902, bien qu’inscrite, elle ne participe pas à la course Paris-Vienne. 

En 1903, bien placée avec sa De Dietrich au Paris-Madrid, elle termine finalement soixante-dix-septième après avoir secouru un concurrent britannique accidenté. La compétition est interrompue à Bordeaux en raison de nombreux accidents graves. Malgré une proposition du constructeur Benz pour courir dans la Coupe automobile Gordon Bennett en 1904, le gouvernement français lui interdit, ainsi qu’à toute femme, de participer à des courses automobiles.

 « Ai-je écrasé quelqu’un ? Ai-je commis une incorrection pendant le parcours ? Quelqu’un a-t-il élevé la moindre critique contre ma façon de conduire ? Pas le moins du monde »

Mme du Gast, membre du cercle restreint des pilotes de course, est la seule femme officiellement licenciée à l’Automobile Club de France. Lorsque l’ACF décide d’exclure les femmes en 1904, elle proteste vivement dans une lettre au journal l’Auto, soulignant ses compétences et son expérience, mais l’ACF maintient sa décision pour éviter la participation de femmes moins expérimentées. 

En dehors de l’automobile, elle s’est dévouée à la protection des animaux, à l’aide aux pauvres et aux malades, et à la lutte pour l’émancipation des femmes.

Son nom a été donné à une rue de Paris en hommage à son esprit pionnier et à son engagement humaniste.

Camille du Gast est une figure inspirante qui a su défier les conventions et ouvrir la voie aux femmes dans des domaines traditionnellement masculins.

 

 

 

 

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