La Muse du musée de Valençay par Thierry Le Gall
Manoir de l’Automobile à Lohéac,
La Lamborghini Miura
Dans cette rubrique, il ne s’agit pas de présenter l’ensemble d’un musée, ni même une petite sélection, mais au contraire de se concentrer sur une seule voiture. Le choix est forcément subjectif, mais c’est une auto qui sort de l’ordinaire, elle peut être rare ou unique, et elle raconte une histoire. Implanté à Lohéac au sud de Rennes, le Manoir de l’Automobile réunit la collection de Michel Hommell. De sa première acquisition, une Renault NN de 1923 achetée à ses 18 ans et utilisée quotidiennement, aux monoplaces de F1 en passant par des autos populaires ou prestigieuses, la collection comprend plus de 400 voitures. Autant dire que le choix d’une muse est difficile, mais mon choix s’est porté sur la Lamborghini Miura.
Le Manoir de l’Automobile à Lohéac
La collection de Michel Hommell est installée dans un immense bâtiment, mêlant constructions anciennes restaurées et nouveaux lieux respectant le style d’origine, Découvrez les collections du Manoir de l’Automobile et retrouvez toutes les informations pour le visiter cliquez ici
Caractéristiques techniques de la Lamborghini Miura S
Moteur : V12 à 60°, 4 litres, en position centrale arrière
Puissance : 370 ch à 7 700 tr/min
Poids : 1040 kg
Vitesse maximale : 280 Km/h
Années de production : 1969-1972, 140 exemplaires pour la Miura S (la Miura a été produite à un peu moins de 800 unités, toutes versions confondues)
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Pourquoi elle ?
Lors de sa présentation officielle au Salon de Genève en mars 1966, la Lamborghini Miura est une révolution dans le domaine des voitures sportives. Le moteur en position centrale arrière permet une silhouette très différente des autres sportives de l’époque, Ferrari en tête. On considère d’ailleurs souvent la Miura comme la première « supercar » de l’histoire.
Presque aussi basse qu’une Ford GT40, la Miura semble s’être échappée des circuits. Pourtant, si son architecture est inspirée de la course, la Miura n’a pas d’ambition en compétition, Ferruccio Lamborghini ne souhaitant pas engloutir les finances de l’entreprise dans la course automobile.
Pour Michel Hommell, alors âgé d’une vingtaine d’années et comme pour beaucoup de passionné d’automobiles sportives, la présentation de la Lamborghini Miura crée un choc visuel, et représente une sorte de graal, un rêve inaccessible. Aussi, lorsque le développement de son groupe de presse lui en donne les moyens, pouvoir acheter une Miura représente pour ce passionné un jalon important.
En effet la Miura (une version S de 1970) exposée n’est pas une auto acquise dans le cadre de la collection, mais a bien été sa voiture personnelle, la concrétisation du rêve. Elle a d’ailleurs droit à une place spéciale dans la salle du musée consacrée à Lamborghini, présentée à part devant une grande glace permettant de l’admirer sous tous les angles.
La Lamborghini Miura
Si la 350 GT, 1ère Lamborghini présentée en 1964, était un coupé à la ligne très classique, la Miura est une révolution par son architecture et son style. Impossible de la confondre avec n’importe quelle autre voiture de cette époque, et elle reste unique encore à ce jour. Elle est la 1ère Lamborghini à prendre le nom d’un taureau célèbre. Même si le dessin est moins exubérant que celui de la Countach qui lui succèdera, elle est à l’origine de cette famille ininterrompue à ce jour de Lamborghini ultimes à moteur V12 central. Toutefois, la Miura est la seule Lamborghini dont le moteur V12 est en position transversale, il sera en position longitudinale à partir de la Countach.
La Miura est aussi la première voiture dessinée par Marcello Gandini (alors responsable du design chez Bertone), coup d’essai et coup de maitre. C’est le début de la coopération entre Lamborghini et Bertone, qui engendrera plusieurs autos qui figurent au panthéon du design automobile, à commencer par la Lamborghini Espada, grand coupé 4 places et moteur V12 avant. La Miura se distingue par ses 2 grands capots avant et arrière, qui s’ouvrent en basculant totalement. Capots et portières ouverts, il ne reste de fixe que la fine cellule centrale de l’habitacle.
On trouve de nombreux éléments de style originaux, rarement voire jamais vus auparavant. Les phares avant sont complètement intégrés à la ligne basse et fluide du capot, et basculent verticalement lorsqu’ils sont activés. Il y a aussi la petite grille verticale intégrée à la portière, en arrière de la vitre latérale dépourvue d’encadrement, qui amène l’air au moteur. Cette grille dissimule le bouton d’ouverture de la porte et sert aussi de poignée de porte. Gandini reprendra ce style de portière sur plusieurs modèles qu’il dessinera par la suite, comme par exemple la Lancia Stratos.
Sur le dessus du capot arrière, on a une série de lamelles noir mat, comme des persiennes ou des jalousies, destinées à améliorer le refroidissement du moteur. Ces éléments noir mat (comme les grilles du capot avant ou les tours des phares) créent un contraste avec les couleurs souvent vives des carrosseries.
On a souvent dit que la Miura était la première voiture de série à atteindre les 300 km/h. En fait, elle fut effectivement chronométrée à un peu moins de 290 km/h, et il fallait semble-t-il un certain courage pour la pousser aussi vite. La Lamborghini Miura demeure encore aujourd’hui une voiture exceptionnelle, qui vient d’ailleurs d’être classée sur le podium des voitures les plus élégantes et emblématiques en matière de design classique, lors d’un concours d’élégance virtuel organisé par le musée Autoworld de Bruxelles.