Musée National de l’Automobile – Collection Schlumpf à Mulhouse, la Bugatti 57 SC

Juin 13, 2025 | Actualités, HISTOIRE, La Muse du Musée

 

Muse Musée National de l’Automobile 

Collection Schlumpf 

 

Par Thierry Le Gall

Dans cette rubrique, il ne s’agit pas de présenter l’ensemble d’un musée, ni même une petite sélection, mais au contraire de se concentrer sur une seule voiture. Le choix est forcément subjectif, mais c’est une auto qui sort de l’ordinaire, elle peut être rare ou unique ou raconter une histoire. 

Le Musée National de l’Automobile – Collection Schlumpf 

Au Musée National de l’Automobile – Collection Schlumpf, la muse ne pouvait être qu’une Bugatti, puisque c’est certainement la plus belle collection de Bugatti au monde, que ce soit en termes de qualité ou de quantité. Mais comme justement la collection est importante, le choix est difficile ! A côté de la Type 35, la voiture qui a remporté le plus de courses dans l’histoire automobile, et de la « Royale », la voiture de tous les superlatifs, la recherche de la perfection absolue et du luxe ultime pour Ettore Bugatti, la Type 57 est sans doute le 3ème modèle emblématique de Bugatti. C’est donc une Bugatti 57 que j’ai choisie, et plus particulièrement une 57 SC Atalante de 1936. 

Avec plus de 500 véhicules, le Musée Nationale de l’Automobile – Collection Schlumpf possède l’une des plus importantes collections d’automobiles historiques au monde, avec notamment la plus grande collection Bugatti, dont une très grande partie avait été réunie par les Frères Schlumpf. Le musée est Installé dans une ancienne filature adaptée pour présenter la collection par ses créateurs, dans un décor magnifique. Outre les Bugatti, le visiteur découvrira l’évolution de l’automobile de la fin du 19ème siècle à la fin du 20ème siècle, de nombreux chefs d’œuvre de l’automobile, Bentley, Daimler, Delahaye, Hispano-Suiza, Maybach, Mercedes-Benz, Rolls Royce, Voisin… une large collection de voitures de course et des animations ludiques et éducatives.

La Bugatti 57 

Présentée au Salon de Paris 1933, la Bugatti 57 représente une évolution majeure pour la marque. En effet, Bugatti a pris la décision de se concentrer sur ce seul type de châssis pour sa production. Ce qui ne signifie pas pour autant un seul modèle, puisque les 57 pourront avoir différents niveaux de puissance, de 135 à 220 chevaux. Bugatti propose également différentes carrosseries d’usine, dessinées par Jean Bugatti : berline, coupé et cabriolet, 2 et 4 places… appelées d’après les noms de cols célèbres (Galibier, Ventoux, Stelvio…) liés à la course automobile. Toutefois, il ne s’agit pas de production en série, les carrosseries reposent sur une structure en bois sur laquelle les tôliers forment manuellement les panneaux de carrosserie.  Cette approche est cependant assez novatrice, la plupart des concurrents vendant leurs ensembles châssis et moteur qui sont habillés ensuite par des carrossiers. Évidemment, Bugatti propose aussi cette possibilité pour les clients désireux d’avoir un modèle personnalisé. On constate d’ailleurs que plusieurs carrossiers renommés de l’époque s’inspirent des dessins de Jean quand ils habillent des Bugatti 57. C’était notamment le cas pour Gangloff (installé à Colmar à une cinquantaine de kilomètres du siège de Bugatti de Molsheim), qui réalisait des carrosseries souvent dessinées par Jean Bugatti lorsque les clients désiraient un modèle différent de la 57 « Usine ».  Par ailleurs, la Bugatti 57 marque aussi une rupture avec les modèles précédents, en grande partie dérivés des modèles de course et donc assez « radicaux ». La 57, tout en exploitant les enseignements de la compétition, se veut plus « civilisée », correspondant aussi aux attentes d’une clientèle désormais soucieuse de plus de confort lors de longs trajets (rapides). Au total moins de 700 Bugatti 57, toutes versions confondues, seront produites entre 1934 et 1939. Jean Bugatti, qui a repris la direction de l’usine, n’a que 30 ans quand il se tue le 11 aout 1939 dans un accident, alors qu’il teste une 57 près de l’usine. Cette disparition prématurée, combinée à la seconde guerre mondiale déclarée seulement quelques jours plus tard, aboutiront à la fin de Bugatti. En effet, les tentatives de relance après la guerre n’aboutissent pas, que ce soit en 1945 par Ettore Bugatti qui décède en 1947, ou par son fils cadet Roland en 1951. Les moyens, l’énergie, le génie aussi de Jean manquent pour retrouver le succès d’avant-guerre. En à peine 50 ans, Bugatti a fabriqué environ 8 000 voitures, accumulé sans doute plus de victoires en course que n’importe quel autre constructeur, et pris sa place dans le Panthéon Automobile. Encore aujourd’hui, le nom de Bugatti est synonyme de sport, de performance et de raffinement. 

Retrouvez sur le site Automobile-Museums toutes les informations pour préparer votre visite : https://automobile-museums.com/cite-de-lautomobile/ 

Un Grand Merci à Mylène du Musée National de l’Automobile pour son aide dans le choix de cette muse et la réalisation de l’article. 

Retrouvez  Thierry Le Gall  sur Automobile-Museums

Pourquoi elle ?

On peut considérer que la Bugatti 57, surtout dans cette version coupé 2 places 57 SC, a défini ce qu’est une voiture de Grand Tourisme, et qu’encore aujourd’hui les GT modernes peuvent la reconnaître comme leur ancêtre. C’est aussi l’ultime création de Jean Bugatti, fils et « héritier » d’Ettore, à la fois génial concepteur mécanique et designer inspiré pour les carrosseries. La Bugatti 57 SC Atalante, dessinée par Jean Bugatti est belle, avec ses lignes sculptées et modernisées, les phares sont intégrés aux ailes et les marchepieds disparaissent. Si la calandre reste dans l’esprit de la forme traditionnelle des Bugatti, elle est profilée en V et non plus plane, permettant d’abaisser le capot moteur. Le tout favorise une aérodynamique encore empirique. Son très long capot devant un habitacle 2 places lui confère une allure sportive, renforcée par la peinture bicolore qu’on retrouve souvent sur les Bugatti, ici noire et jaune. Elle est aussi performante, avec son moteur 8 cylindres en ligne de 3,3L, double arbre à came en tête, solution encore très rare dans les années 1930. Ce moteur développe 200 chevaux dans cette version SC (« C » pour compresseur), autorisant une vitesse de pointe supérieure à 200 km/h, ce qui en fait une des voitures de (grand) tourisme les plus rapides de son temps. Elle est enfin très sportive, grâce à son châssis surbaissé (le « S » de « SC »). En effet, alors que traditionnellement les longerons du châssis sont positionnés au-dessus des essieux, l’essieu arrière de la 57 SC « traverse » ces longerons, et un caisson aménagé à l’avant entre le longeron et l’arbre de transmission accueille les pieds du conducteur (et du passager de l’autre coté). Ce choix permet d’abaisser le centre de gravité au profit de la tenue de route. Le châssis raccourci de 32 cm, les amortisseurs hydrauliques et la lubrification améliorée, entre autres, sont des facteurs supplémentaires de sportivité. Ainsi la Bugatti 57 SC combine performance et agilité, en faisant l’une des meilleures voitures sportives de son époque, que ce soit sur la route ou en compétition. Avec ses atouts, la 57 S domine la concurrence française et européenne dans les années 1930. La 57 SC présentée dans cet article est bien sûr parfaitement entretenue par l’équipe du Musée National de l’Automobile, mais elle n’a pas connu de restauration profonde et respire ainsi un parfum d’authenticité !  

Merci et à bientôt

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