“L’AVENTURE ROCAMBOLESQUE D’UNE JAGUAR TYPE E”

 Mais au fait, de qui parle-t ‘on ? 

 “Du centaure moderne” la moitié d’un homme et la moitié d’une voiture de sport. 

Cette expression phénoménale d’Edith Grobleden (Présentatrice de télévision allemande) ne pourrait mieux décrire ce que vous allez découvrir…  

Les Amis vous entraine dans l’épopée cocasse de “FRANCE” la subliminale Jaguar XKE – Type E – 1967 convertible.  

Un destin, 2 forces de la nature, une détermination sans pareil, une rencontre au sommet –  

Cela ne tient plus du rêve ni de la passion, cela va bien au-delà : une histoire d’amour, la volonté d’une certitude. 

 “LE CHEMIN MYSTIQUE D’UNE VOITURE MYTHIQUE” 

 De sa sortie de grange aux fins fonds de l’Amérique, (au new Jersey, plus précisément) dans un état délabré à la résurrection et à la consécration ultime, nôtre icône va connaitre un chemin digne des grandes stars ! 

Un lifting exceptionnel à faire pâlir Demi Moore 😉tant le résultat en est bluffant, stupéfiant. 

Vous me suivez ? …. C’est parti   

Il était une fois…. Tous les contes commencent ainsi me direz-vous !! Cependant, pas de soulier de verres, ni citrouilles, ni sorcière, et pourtant, derrière ce récit abracadabrant, l’histoire met en scène une jaguar Type E et la rencontre peu probable de 2 hommes que tout oppose. 

“UN FACE À FACE MONUMENTAL” 

 L’un Américain, Bobby Hendrickson ressemble à un pirate sorti des caraïbes, cheveux longs (très longs même), chaines au cou (plusieurs), tatouages (plusieurs aussi) sur le corps (caramélisé par le soleil), sourire ravageur et l’œil bien aiguisé.   

L’autre, Français, Stéphane Thurier, plutôt de style classique, le sourire en signature, cheveux ultra courts, épris de voitures de collection (et pas seulement, car sa curiosité est contagieuse), vif et bien dans ses baskets.  

Et pourtant… vous n’êtes pas au bout de vos surprises… ils vont se découvrir des points communs que nul n’aurait soupçonner , mais pour cela vous devez aller tout au bout de l’article.

“JEU DE PISTE” 

 Il aura fallu des années de recherches de la part de Stéphane, et des mois de patience pour retrouver Bobby. Des mails sans réponses, des espoirs disparus lorsqu’il pensait arriver au but le retrouvant enfin…et puis plus rien 

RETOUR EN ARRIÈRE  

La genèse, racontée par Bobby Hendrickson le fils de son ancien propriétaire. 

– D’aussi loin que je me souvienne, mon père avait cette voiture – elle était toujours cachée dans un garage privé qu’il louait à un bloc et demi de sa maison –  

C’était un garage double que mon père louait à l’arrière de la propriété de quelqu’un.  

Je me souviens qu’il y avait des tonnes de buissons de myrtilles qui poussaient derrière et je me hâtais d’y retourner pour les cueillir par poignées. Dans la jag, il y avait cette chemise encadrée du gang de motards hors-la-loi, dont mon père fut président pendant 13 ans, défiante et centrée sur le siège arrière… 

Je suis né en 69 et je crois que c’est à peu près quand il l’a réquisitionné – ma mère prétend qu’elle était au courant de l’existence de la Voiture mais ne l’avait jamais vue quand ils étaient ensemble – Lorsque nous allions dans le garage, je sautais dans le siège conducteur, Je me souviens de ces premières années, je tournais le volant de gauche à droite, je déplaçais le levier de vitesse dans tous les sens en faisant le bruit du moteur vroum! Vroum ! j’essayais d’atteindre et d’appuyer sur toutes les pédales, j’avais moins de 7 ans… J’ai de très bons souvenirs de cette voiture et de ce garage. Pendant que je jouais d’un côté du garage, mon père travaillait sur plusieurs Harley Davidson. Il me semble alors que la Jag et les Harley ont été laissées en gage dans ce curieux garage. Car personne ne sait où, quand et comment mon père a mis la main dessus. Ma grand-mère qui vient de fêter ses 100 ans l’année dernière l’ignore totalement !! 

 Un jour par surprise, le 4 juillet du bicentenaire, mon père s’est rendu chez ma mère (ils avaient divorcé vers 73 ou 74) au volant de la Jag. . Quand il s’est arrêté, je me souviens qu’il est sorti et m’a montré la voiture – j’ai immédiatement chuchoté à son oreille – je pensais que nous ne pouvions pas la sortir ou laisser quelqu’un la voir – Il m’a alors expliqué que tout était en règle, (la loi rentrée en vigueur cette année-là) et qu’il en revendiquait donc légalement la propriété et l’enregistrait. Il devenait l’heureux propriétaire de cette “Bête”. Fou de joie mon père a ensuite commencé à lancer des bouteilles en forme de fusée parachute depuis la voiture avec moi. Tous les enfants du quartier jouaient à l’intersection de notre coin de rue et nous étions donc le grand succès de la journée. Entre la voiture et les pétarades J’étais aux anges ! L’un des parachutes a atterri dans les canalisations d’eau de notre voisin et les feuilles ont pris feu. Je me souviens que tout le monde regardait et c’était comme un arrêt sur image! Heureusement le feu s’est éteint au bout de quelques minutes. Et puis nous avons embarqués les mômes pour un tour inoubliable…la voiture est retournée ensuite dans son Antre.  

Un jour, avant qu’il ne puisse plus marcher, il l’a sortie et l’a nettoyée dans l’allée, puis il m’a appelé chez lui et m’a dit de l’accompagner jusqu’à elle. Ce furent les jours les plus heureux de ma vie, je suis sûr que c’était aussi le cas pour lui. Ensuite, sa petite amie de l’époque a essayé de le convaincre de la laisser la conduire. 😱  

Je me souviens que je tremblais en la conduisant, lentement et prudemment, j’avais peur de faire quelque chose de mal… et il m’a dit de plancher dessus… wow… une telle sensation… J’ai toujours dit depuis ces jours où elle était cachée ” c’est la mienne”, il disait – quand je mourrais tu l’aurais… il m’a toujours dit qu’un jour ce serait ma voiture… mais ensuite il a toujours dit à tout le monde que j’attendais qu’il meure pour avoir sa voiture…😞 ugh… j’ai toujours détesté ses dires… 

La voiture est restée murée jusqu’à son décès en février 2001. Les gens sont sortis du bois pour essayer de réclamer des choses du garage, et grand-mère a même parlé de la donner. J’ai immédiatement enregistré la voiture à mon nom et j’ai commencé à la faire fonctionner. La pédale d’embrayage s’enfonçait et restait enfoncée. J’ai branché une pompe séparée dans le coffre et avec une nouvelle batterie, elle a démarré tout de suite – l’essence fuyait des carburateurs mais j’ai mis un tube dans un seau pour la récupérer et je l’ai fait tourner un moment – alors comme elle avait besoin d’être réparée correctement, je l’ai laissée une fois de plus dans le garage. 

J’ai fini par déménager aux îles Vierges et lors d’un de mes voyages à la maison j’ai remarqué que des souris avaient rongé le siège du conducteur. Je me sentais si mal de la voir tant négligée… Plusieurs personnes avaient toujours demandé à l’acheter, mais elle était trop importante pour moi. 

Ma mère m’a poussé à contacter l’American pickers show pour qu’il vienne dans le garage – j’ai ri – pourquoi viendraient-ils chez moi ?? il s’avère qu’elle m’a convaincu de les contacter, mais ils n’ont jamais répondu – puis un jour ils ont annoncé qu’ils venaient dans le New Jersey.   

Elle les a donc recontactés, cette fois ils n’ont pas hésité à venir. Et pour cause :  Nous avions une première édition de 1936 d’un moteur Harley Davidson Knucklehead et une 67 XKE. 

 Ils ont acheté le moteur dans l’émission, mais en dehors de celle-ci, ils ont dit qu’ils n’achèteraient pas la voiture parce qu’ils la revendraient plus cher à un collectionneur. Bingo !! Quelqu’un a fait une offre – ils ont négocié de 20 et quelques milliers de dollars à 45- L’acheteur a donc envoyé une personne de confiance avec le chèque et le jour suivant ils l’ont remorqué – jour très triste, jour terriblement maussade- Tout le monde nous connaissait en ville et à ce moment-là, ils ont bloqué la route ! une fois de plus, elle a fait parler d’elle dans toute la région – ce fut comme dire adieu une seconde fois à mon père… 

Depuis lors, j’ai été déchiré à l’idée de ne plus jamais la revoir – alors imaginez à quel point j’ai été ému et profondément heureux d’avoir de vos nouvelles –

ELLE EST DE RETOUR DANS MAVIE…  

Ma famille et mes amis sont tout aussi profondément heureux de la revoir si majestueuse et traitée comme une reine – même si je n’en ai pas l’impression, on m’a dit à l’unanimité que j’ai fait ce qu’il fallait et que papa serait fier. Parfois j’ose me dire que j’aimerais bien qu’elle soit encore à moi, mais elle serait toujours dans ce garage en train de pourrir – donc, dans ce sens, je suis content.   

Et maintenant vous m’avez contacté je jubile- Votre accueil ainsi que votre invitation en France – pour la conduire une fois de plus – je ne peux exprimer mes sentiment – ça fait chaud au cœur – tout ce que je peux dire à ce sujet est que j’ai applique sur le renouvellement de mon passeport ! Je ne peux pas attendre – tant que l’offre est encore ouverte, je viens ! !! Je peux vous raconter plein d’histoires sur papa qui vous feraient perdre la tête, mais pas uniquement sur la JAG- lol-  

J’apprécie beaucoup vos efforts de m’avoir traqué et d’être entrés dans ma vie pour que je fasse à nouveau partie de cette voiture si spéciale sur le plan sentimental- j’ai même dit à ma mère- quelles sont les chances ? C’est comme si on sortait d’un conte de fées – des choses comme ça n’arrivent pas à tout le monde – juste une note en passant – j’ai un bandana noir de mon père qu’il accrochait toujours dans la voiture – j’aimerais l’apporter un jour quand je serai là-bas et vous le donner pour qu’il retrouve ses lettres de noblesse avec la voiture – j’adore cette voiture – elle est vraiment superbe –  

D’ailleurs la copine qui a essayé de mettre la main dessus a démoli sa nouvelle camionnette qu’elle avait achetée après moins d’une semaine – 

Dieu merci, il ne l’a pas fait. 😂

Stéphane Thurier , le protagoniste de toute cette histoire nous raconte son aventure…   

Début Octobre 2017, je tombe sur une vente aux enchères EBay Motors d’une Jaguar Type E cabriolet de 1967 « Sortie de Grange » « Barn Find », sans rouille et complète aux états unis… à la vue des photos et de la Belle, je décide de suivre cette vente et pourquoi pas déposer une enchère en me fixant une limite sachant qu’une restauration demande un budget conséquent.

 Le 5 octobre 2017, date de la vente, j’ai une réunion qui s’éternise et la vente est sur le point de se clôturer, heureusement j’arrive à me connecter et ma limite n’est pas atteinte, je décide donc d’enchérir à quelques secondes de la fin des enchères…et…je deviens l’heureux propriétaire d’une légendaire Jaguar Type-E Cabriolet série 1 de 1967. 

Après les formalités de règlement et d’organisation du transport je reçois enfin la livraison de la voiture à mon domicile le 27 novembre 2017. Mon Dieu ! Quelle bête !!

Ce jour, deux options s’offrent à moi, redémarrer la voiture pour pouvoir la conduire tout de suite, ou bien me lancer dans une restauration complète afin de pouvoir profiter pleinement et longtemps de cette merveilleuse voiture. 

C’est finalement la seconde option que je choisi et le démontage commence dans mon garage avec mes deux fils qui prennent des photos de chaque étape et répertorient l’ensemble des pièces démontées.

 “IL FAUT SOUFFRIR POUR ETRE BELLE” 

Février 2018, la voiture est presque démontée complètement, et elle part pour finir le désassemblage moteur et trains roulants chez un spécialiste à deux pas de la maison. 

Mars 2018, la caisse est nue et prête pour un sablage complet qui permettra de voir l’état général de la carrosserie, en // commence la restauration du moteur Jaguar 4.2l chez le spécialiste tandis que je m’occupe de la sellerie et du tableau de bord à la maison. 

Fin mai 2018 la caisse sablée par chez un spécialiste de la carrosserie dans le nord de la France afin de recevoir quelques pièces neuves sur le capot, le support de batterie ainsi que les planchers qui bien que non percés mérite un remplacement par des pièces neuves. 

ET BOUM ! LE CHOC ! 

Le 18 avril 2018, cherchant des informations sur internet sur le Cabriolet Type-E de 1967, je tombe sur une vidéo de l’émission American Pickers et la sortie de grange d’une XKE (nom américain de la Type-E) 1967 convertible et là c’est le choc ! La bâche se soulève et je découvre MA voiture !!! Abasourdi je la découvre à nue.  

“Mike Wolfe et Frank Fritz parcourent le pays à la recherche de joyaux cachés dans des décharges, des caves, des garages et des granges. 

Dans cette émission du 16 décembre 2018 un gentleman montre à Mike et Frank la Jaguar XKE décapotable 67 de son père : “La Jaguar de Jersey”. 

Je vous laisse découvrir cette superbe sortie de grange, et jugez par vous-même 

American Pickers: 1967 Jaguar XKE Convertible (Season 18, Episode 24) | History 

Depuis ce jour, je cherche à contacter Bob fils de l’ancien propriétaire afin de connaitre l’histoire de ma voiture qui est en cours de restauration…mais sans succès. Je mets cette enquête de côté. 

 Fin mai 2018 la caisse sablée par chez un spécialiste de la carrosserie dans le nord de la France afin de recevoir quelques pièces neuves sur le capot, le support de batterie ainsi que les planchers qui bien que non percés mérite un remplacement par des pièces neuves. 

31 Janvier 2020, après presque deux ans de carrosserie, la caisse rentre à l’atelier “Classic Affairs” pour retrouver l’ensemble des pièces mécaniques restaurées, le réassemblage peut enfin commencer. 

Mars 2020 “Covid” : le confinement va m’offrir l’opportunité d’accélérer le remontage. L’atelier étant à proximité, Éric Fournier propriétaire de Classic Affairs, m’autorise à travailler sur ma voiture dans son atelier fermé…en me laissant les clés !!! c’est un pur bonheur de pouvoir avancer sur la finalisation du remontage, sellerie, accastillage, chrome, des heures et des heures de boulot. 

  “ Qui vient à point à qui sait attendre”

17 Juin 2020, la voiture est enfin remontée, le premier démarrage du moteur après plus de 30 ans sous une bâche un bruit magique et magnifique, la belle peut enfin prendre la route pour de longues années. 

En octobre 2022, lors du salon Automédon et d’une traversée de Paris avec Vincennes en Anciennes, je partage l’histoire de ma voiture, de la restauration, et de Bob aux Amis de la FFVE. C’est le coup de foudre ! Le récit de cette aventure doit être partagée. En route pour l’enquête et après quelques jours à peine de recherches pour trouver ce fameux Bobby, au téléphone en Visio il pleure de joie il sait maintenant où est son « Dad’s Baby ». 

Deux hommes, deux continents différents, deux mediums opposés artistiquement, le même amour pour la même voiture…

N’est-ce pas Magique ?

Laurence David-Valadier