Philippe ladure nous embarque dans une saga surprenante!
LES TABLEAUX DE BORD : PREMIÈRE PARTIE !
Au début, il n’y avait pas de tableau de bord car c’était inutile ! En effet, il y avait des chauffeurs qualifiés pour s’occuper des voitures, des mécaniciens compétents pour les régler et des sportifs ou des propriétaires prompts à les dérégler.
En plus, avant 1900, il y avait diverses sortes de motorisation : à explosion avec le cycle à 4 temps ou à deux temps, des voitures électriques (nombreuses marques très performantes), à vapeur. Pour les uns, un simple état de la batterie, pour d’autres un manomètre de pression de vapeur d’eau ou de pression d’huile suffisait, sous l’œil attentif du pilote. Sur la planche de bord, on trouve aussi des graisseurs ou petites pompes à huile, un interrupteur éventuel sous l’autorité du chauffeur.
Puis il y eut de moins en moins de personnel, de plus en plus de voitures. Les chauffeurs de maître sont devenus des particuliers, chauffeur du dimanche et aujourd’hui, des utilisateurs quotidiens. Il est apparu nécessaire d’informer le valeureux pilote de l’état des éléments du moteur : on verra fleurir les cadrans, les boutons et les manettes. Et comme on mettait de moins en moins les mains dans une mécanique qu’on voit de moins en moins et que personne ne lit le manuel d’entretien (même aujourd’hui), on a vu se multiplier les voyants.
Les pouvoirs publics ont imposé une limitation de vitesse (oui, et même avant 1914, comme en Angleterre). En conséquence, le tachymètre ou indicateur de vitesse va apparaître. Les Anglais n’ayant pas les mêmes mesures, certains sont doublement étalonnés en kilomètre/heure et miles/hour. Ces fameux indicateurs de vitesse sont ronds, carrés, avec cadran, analogiques, à déroulement, ou digital. Tout ça pour donner de façon plus ou moins juste ou précise, souvent par excès pour flatter le véhicule et son propriétaire, une idée de la vitesse, alors que le régime du moteur, meilleur reflet de la mécanique, est moins présent.
Mais hors technique, l’instrument le plus répandu sur les tableaux de bord, le chic du chic : c’est une montre ! Cela intéresse tous les passagers qui regardent le temps qui passe. Le pilote, grâce à la montre et sa vitesse, peuvent ainsi prédire avec combien de retard, il arrivera. Les planches de bord deviennent très complètes. Avec le volant, les boîtes à gants, les tableaux de bord participent à une ambiance intérieur confortable, luxueuse ou sportive à l’intérieur. Car dehors, avant la Seconde Guerre mondiale, on roule sur des routes souvent sans goudron ni bitume, surtout de la terre, des cailloux (Des tas de cailloux pour mettre sous le passage des roues : un travail du Cantonnier de Louviers), parfois des pavés (ceux du Nord, autour de Lille, réputés tellement durs et glissants qu’ils servent de tests lors de courses pour les équipementiers). Ces derniers multiplient les accessoires, les indicateurs, les cadrans et les leviers sur les planches de bord qui deviennent des tableaux de bord.
Les artistes s’emparent du sujet et utilisent divers matériaux comme le bois (en planche, en bois teinté ou vernis, d’essence rares laqué,…) du métal (simple tôle, peinte, laquée, incluant une platine portant les cadrans, de l’aluminium, bouchonné,…), du cuir, du plastique moulé, …. On y implante des voyants pour voir ce qu’on ne voit pas dans le moteur ou autour. Et les volants de direction ne sont pas tous ronds : il y a des elliptiques, presque carrés (Austin Allégro 1973), des guidons, des queues de vache, des monobranches
Et les volants : que d’évolution ! on y trouve des volants ronds à deux trois ou quatre branches, elliptiques, presque carrés (Austin Allegro 1973), des guidons (DeDion Bouton), des « queues de vache » (la Nef) ou des monobranches (Citroën DS) …
Philippe Ladure, Historien & Amateur spécialiste marque Avion- Voisin