Les Amis de la FFVE ont le plaisir de recevoir Marie d’Hérouville –le tanneur, collaboratrice parlementaire.
Collaboratrice parlementaire de l’amicale des véhicules d’époque, votre parcours semble être atypique ?
Oui, c’est vrai, un parcours original et atypique.
Motivée, réactive, curieuse, dynamique, aimant le relationnel avant tout, j’ai toujours eu à cœur de mettre mes aptitudes au service des autres, en commençant auprès des collectivités (Conseil régional d’Ile de France, Mairie de Paris, Mairie de Boulogne-Billancourt), de parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat mais aussi de personnalités telles que le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing et Patrick de Carolis à France Télévisions.
Les véhicules d’époque, une passion de longue date ou un coup de foudre ?
Lorsque mon sénateur Jean-Pierre Moga m’a parlé de sa passion des véhicules d’époques (passion quelque peu contagieuse tant il est exalté !), de sa collection de 8 véhicules, de son projet de créer une amicale parlementaire des amis des véhicules d’époque, il m’a proposé d’en être la secrétaire générale. J’ai tout de suite accepté, heureuse de la confiance qu’il me faisait en me laissant maitre à bord dans les démarches à effectuer, des initiatives à proposer à nos adhérents, des déplacements et rencontres que j’aurais à effectuer. Je réalise tous les jours la chance que m’apporte cette nouvelle expérience à mettre mes compétences au service de parlementaires passionnés et passionnants.
Qu’évoquent-ils pour vous ?
Ces véhicules sont pour moi comparables à des œuvres d’art. Certains me rappellent des symboles d’une époque parfois révolue, avec quelque fois un peu de nostalgie d’une époque passée et une fascination pour les machines qui ont marqué l’histoire de l’automobile. Mais ils émanent aussi un sentiment de fierté et de reconnaissance pour ceux qui ont œuvré à leur restauration afin de continuer à nous faire rêver, les petits comme les grands et à retrouver nos âmes d’enfants !
Combien de femmes en tant que membres sur les 125 adhérents ?
s38 femmes passionnées et passionnante, dont des sénatrices, des députées, des collaboratrices… et l’on va sûrement en compter davantage sachant que la période de réadhésion pour 2023 est en cours !
Quelles sont les missions de cette amicale ?
Cette amicale, transpartisane, a pour objet de réunir ses membres autours des valeurs de soutien, de protection, de défense et de promotion des véhicules de collection, de contribuer ainsi au développement économique et patrimonial et d’organiser des débats avec des personnes qualifiées.
Quelles avancées sur la proposition de loi déposée au Sénat visant à la création d’une “vignette collection H (Historique)” pour le maintien de la circulation des VE, à ce jour ?
Pour ce faire, nous sollicitons des rendez-vous auprès des acteurs concernés (Ministre Chargé des Transports, Ministre de la Culture, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires… mais aussi auprès des Députés européens) afin de les mobiliser sur notre amicale, nos actions, nos préoccupations, la conservation et la circulation de ces véhicules, s’assurer de leur soutien dans nos démarches, évoquer les ZFE, de défendre la liberté fondamentale de circulation, la liberté tout simplement d’aller et venir et ce pour les 250 000 collectionneurs de véhicule d’époque.
*NDR
Pour comprendre Les ZFE Voir video
Jean-Louis Blanc président de la FFVE œuvre énergétiquement et poursuit ses démarches sans jamais baisser les bras. Ses efforts engendrent une véritable prise de conscience dans la préservation des véhicules d’époque. Grâce à vos efforts réunis cette vignette collection devrait donc voir le jour bientôt ?
Après avoir été votée au Sénat le 11 mars 2021, la proposition de loi de Jean-Pierre Moga visant à la création d’une vignette « collection » pour le maintien de la circulation des véhicules d’époque doit maintenant être inscrite dans une niche d’un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale en vue d’un vote. Nous nous y attelons. Lors de notre rencontre avec le Ministre Chargé des Transports, Clément Beaune, nous avons bien sûr évoqué, entre autres, ce point avec lui et il nous a promis de se pencher sur cette question.
Ces véhicules soutiennent notre économie, regroupant ainsi plusieurs secteurs d’activités : carrosserie, mécanique, entretien, négoce, évènementiel (on compte 6000 évènements en France par année) expliquez-nous l’importance de protéger notre patrimoine roulant ?
Une des raisons de ne pas abandonner les véhicules de collection est de nature économique. Cette filière, constituée principalement d’artisans et de très petites entreprises, compte aujourd’hui 24 millions d’emplois dans plusieurs secteurs tels que la carrosserie, la mécanique, l’entretien, le négoce, l’événementiel… Cette activité est croissante et l’on peut s’en réjouir. Son chiffre d’affaires annuel est évalué à 4 milliards d’euros, soit le double de celui des sports mécaniques.
Sans compter l’enjeu de la transmission des savoir par l’apprentissage. Encore plus fondamentalement, ces vieux véhicules, que l’on voit de temps en temps parader dans nos rues et dans nos campagnes, procurent de la joie et du bonheur à tous ceux qui croisent leur chemins. A leurs propriétaires bien sûr, mais aussi à tous ceux qui les admirent quand ils sont de sortie.
Vous évoquez 3 critères qui définissent d’une certaine manière ce patrimoine roulant : Transport – Culture – Écologie, pouvez-vous élaborer sur ces 3 volets ?
Les possibilités de circulation pourraient, à l’avenir, se réduire considérablement et c’est bien là le problème.
Sur le plan patrimonial, au même titre que les cathédrales, les gares et bon nombre de bâtiments publics et privés, les fleurons de notre industrie font partie intégrante de notre patrimoine. Quoi de plus symbolique de cette industrie que les véhicules anciens, qu’il s’agisse de tracteurs, de véhicules agricoles, militaires, de pompiers, de motos, d’automobiles… ? De la même manière qu’il faut entretenir notre patrimoine architectural, il faut entretenir ce patrimoine industriel. Dans cette conservation, l’usage et l’utilisation sont primordiaux. Et pour les véhicules de collection, cela suppose de les faire rouler occasionnellement.
Il faut bien comprendre que les véhicules de collection génèrent une pollution des plus marginales, circulant 15 fois moins qu’un véhicule ordinaire. Des études ont d’ailleurs montré que les émissions de particules fines de ces véhicules sont 100 000 fois moins importantes que celles des autres véhicules. Et les NOX sont 20 000 fois moins abondants. Il est bon de rappeler que les véhicules de collection ont, en réalité, un impact extrêmement faible sur la qualité de l’air.
Quel message souhaiteriez-vous donner à cette nouvelle génération de passionné(e)s ?
Plusieurs messages !
Tout d’abord, les véhicules d’époque sont des témoins de l’histoire automobile et de l’évolution de la technologie. Ils ont une valeur culturelle et patrimoniale qui doit être préservée pour les générations futures.
Ensuite, ils nécessitent un entretien et une restauration réguliers pour les maintenir en bon état et préserver leur valeur. C’est un travail qui demande du temps, de la patience et, pour certains, des compétences en mécanique mais qui est souvent très gratifiant.
Ils peuvent également être une source d’apprentissage pour les jeunes passionnés pouvant ainsi développer leur savoir-faire en mécanique et leur connaissance de l’histoire de l’automobile, souvent transmises par leurs pairs.
Par ailleurs, cette passion des véhicules d’époque permet de rassembler des personnes de tous horizons, créant ainsi une communauté de passionnés unis par un intérêt commun. C’est précieux, en ces temps où les échanges se font bien rares dans notre société, de pouvoir favoriser des rencontres, des échanges entre novices et passionnés.
A leur manière, ces véhicules contribuent à renforcer « le vivre ensemble », là où le lien social et intergénérationnel est si fragilisé dans notre société actuelle. Et il faut bien comprendre que cette passion n’a rien d’élitiste car bon nombre de véhicules, contrairement à ce que l’on pourrait croire, sont accessibles à des prix tout à fait modiques, prouvant ainsi qu’il s’agit d’une passion populaire au sens noble du terme.
Il faut inciter la nouvelle génération à venir rejoindre le nombre de collectionneurs, pour leur million de sympathisants et pour continuer de voir briller les yeux des enfants quand le passé ressurgit tout autour de nous, sur 2, 3, 4… et parfois même sur 6 ou 8 roues !
Je vous remercie Marie pour cette interview. Quelle avancée!
Laurence David-Valadier