« Hubert Haberbusch, honoré du titre de Chevalier des Arts et des Lettres »
Au sein de son programme, la Fédération Française des Véhicules d’Époque (FFVE) défend ardemment l’idée que la préservation des véhicules anciens nécessite un éventail diversifié de compétences, englobant tout, de la rénovation des carrosseries à celle des selleries. L’organisation met un fort accent sur la sauvegarde de ces trésors automobiles tout en s’efforçant activement de susciter l’intérêt des jeunes générations pour cet univers.
Le lundi 16 octobre 2023 restera gravé comme un moment significatif dans la vie de Hubert Haberbusch, le vice-président professionnels et culture de la FFVE, maître d’art, restaurateur de véhicules de collection et commissaire d’exposition.
En effet, Hubert Haberbusch a été honoré du titre de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, une distinction honorifique française accordée aux personnalités qui se sont démarquées dans les domaines des arts et de la culture. Le discours empreint d’humilité de M. Haberbusch a profondément touché tous les convives présents, émus par le récit extraordinaire de son parcours.
Hubert Haberbusch est une figure éminente dans le domaine de la rénovation de véhicules anciens et du commissariat d’expositions. En tant que maître d’art, il jouit d’un immense respect en raison de son expertise exceptionnelle dans la restauration de voitures anciennes. De plus, son rôle de commissaire d’exposition lui a permis d’organiser des expositions dédiées à l’histoire et à l’esthétique des véhicules de collection. Il incarne véritablement l’excellence dans la préservation du patrimoine automobile.
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Dans le magazine l’Époque
Les Amis ont reçus Hubert Haberbusch
Les amis
Le début de HH Services ?
Hubert Haberbusch
En 1976, j’ai fondé H.H. Services à Bischwiller, une ville située dans le nord de l’Alsace. Plus tard, j’ai déménagé l’entreprise près du port du Rhin, à Strasbourg. Au fil des années, notre entreprise a connu une croissance significative. Nous avons une orientation résolument cosmopolite, accueillant des compagnons du devoir originaires de diverses régions de France, avec qui nous partageons notre expertise.
Quelles sont les compétences et les connaissances nécessaires pour être un bon restaurateur de voitures anciennes ?
Pour réussir dans ce domaine, il est nécessaire d’avoir un brin de raffinement, de la curiosité, des compétences manuelles, de la rigueur, un intérêt marqué pour l’histoire de l’automobile et la capacité à mener des recherches historiques. En outre, il est essentiel d’avoir acquis les compétences nécessaires et de les mettre en œuvre avec précision, en respectant les normes de l’art.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté lors de la restauration d’une voiture ancienne ?
C’est à chaque fois un nouveau défi.
Comment travaillez-vous en collaboration avec les propriétaires de voitures anciennes lors du processus de restauration ?
La première étape essentielle consiste à établir une relation de confiance avec le propriétaire de la voiture, qui est en même temps le client. Il est crucial de comprendre ses besoins, ses attentes et ses espoirs concernant notre travail. Ensuite, chaque projet doit être abordé comme une nouvelle aventure. La collaboration étroite avec le client est impérative, en étant à son écoute, tout en cherchant à le guider vers les meilleures solutions, au lieu de simplement suivre ses directives à la lettre. En d’autres termes, il s’agit de trouver un équilibre entre satisfaire les souhaits du client et garantir que le véhicule soit restauré de manièrefidèle à son état d’origine. Sans une parfaite harmonie dans cette collaboration, il est difficile d’entreprendre des projets de restauration à long terme, et dans de tels cas, il vaut mieux renoncer à la tâche.
De plus, il est crucial que le véhicule présente une certaine homogénéité. Il faut avoir un sens du goût et des proportions pour créer quelque chose de bien équilibré, évitant de juxtaposer des éléments de manière discordante ou de mélanger des techniques d’époque avec des approches modernes. Il est donc essentiel de maintenir une cohérence globale, même si cela peut parfois s’avérer difficile lorsque le client a des préférences différentes ou ne possède pas une connaissance approfondie de l’automobile, comme c’est parfois le cas avec les clients récents dans le monde de l’automobile.
Comment assurez-vous l’authenticité et la fidélité historique lors de la restauration d’une voiture ancienne ?
En effectuant une recherche approfondie sur le véhicule et le fabricant, il est possible de collaborer avec des experts en histoire des différentes marques, des personnes qui détiennent des connaissances clés. Il est également envisageable de solliciter l’avis de conservateurs de musées. Cela permet de retracer l’origine de la voiture, de préserver son authenticité et de demeurer fidèle à ses caractéristiques d’origine.
Quels sont les critères éthiques que vous suivez lors de la restauration d’une voiture ancienne ?
Cela relève spontanément de la profession, une sorte de code de conduite professionnel. En tant qu’artisan, il est essentiel de maintenir une distance par rapport au rôle de collectionneur ou de marchand afin de garantir le respect de cette éthique. C’est similaire à la déontologie observée par les restaurateurs de tableaux et d’autres domaines équivalents. Il faut être méticuleux, dévoué et entièrement dédié à ce travail.
De plus, il est important de s’adapter aux souhaits du client, à ses ressources et à son rythme. Souvent, lorsque le client est bien accompagné, il préfère ne pas précipiter les choses et apprécie de suivre attentivement le processus. Par conséquent, on s’efforce d’avancer calmement, étape par étape, résolvant tout problème qui se présente avant de poursuivre, afin d’éviter toute erreur. Il est essentiel de ne pas bâcler le travail, en maintenant la qualité à tout moment.
Une voiture qui vous a le plus marquée ?
Chaque voiture est unique à mes yeux, car j’ai une préférence particulière pour les véhicules issus de petits constructeurs ou d’artisans qui ne produisent peut-être pas en grandes quantités. Cela signifie que chaque véhicule est une nouvelle découverte, même s’il n’est pas nécessairement célèbre. Parfois, je trouve des caractéristiques, des détails ou des accessoires qui suscitent mon intérêt, ce qui rend chaque voiture surprenante à sa manière. C’est ce qui me passionne. De même, chaque client est différent, ce qui crée une nouvelle expérience humaine à chaque fois, ainsi qu’une opportunité de découvrir leurs préférences spécifiques. Cela peut être lié à une série de véhicules particulière ou à des caractéristiques uniques. C’est gratifiant de voir la satisfaction et la surprise des clients. C’est ce qui rend chaque situation unique.
Votre plus grande satisfaction en tant que restaurateur de voitures anciennes??
Ce qui me satisfait le plus c’est d’avoir réussi à parcourir tout mon chemin professionnel et de rester dans ce métier pendant si longtemps. En fait, j’ai trouvé une véritable passion dans l’art de la carrosserie automobile. J’ai pris conscience que c’était un métier artistique et j’ai travaillé dur pour développer mes compétences et faire partie de cette communauté où je rencontre constamment des personnes incroyables. En tant que carrossier, je rencontre des artisans qui travaillent dans la sellerie et d’autres domaines connexes. C’est fascinant de rencontrer des personnes qui ont un savoir-faire unique et qui sont vraiment passionnées par leur travail. Nous sommes vraiment plongés dans un milieu où la passion et l’excellence sont primordiales. Bien sûr, il faut que notre entreprise fonctionne, mais l’argent n’est pas notre principale motivation. Devenir millionnaire n’est pas notre objectif, mais plutôt de continuer à faire prospérer notre entreprise et de fournir un travail de qualité.
Comment voyez-vous l’avenir de la restauration de voitures anciennes et quelles sont les tendances actuelles du domaine ? (Transmission du savoir…)
Pour résumer, ce métier évolue vers deux orientations distinctes. D’un côté, il se tourne vers la conservation et la consolidation, mettant l’accent sur la préservation des véhicules et de leurs pièces d’origine, plutôt que sur des restaurations complètes. Cependant, en parallèle, il tend également vers la reconstruction totale de véhicules dont la carrosserie a été altérée au fil du temps, en utilisant des archives, des photos et des documents pour recréer fidèlement le véhicule. C’est une tâche très gratifiante.
La priorité est de préserver une forme d’authenticité qui ne doit pas être perdue. Ce métier contribue également à transmettre un savoir précieux, particulièrement vital aujourd’hui, alors que de nombreuses personnes cherchent des solutions rapides. La transmission de ce savoir est une tâche inestimable, d’autant plus que les musées, qui n’ont pas de contrainte temporelle immédiate, visent à préserver le patrimoine pour les générations futures.
Les clients, quant à eux, peuvent être pressés, mais il est essentiel de ne pas précipiter les choses, de poser toutes les questions nécessaires avant de commencer un projet, afin de prendre des décisions éclairées. En outre, ce métier offre l’opportunité d’explorer divers aspects, tels que les métiers du bâtiment impliqués dans la restauration de bâtiments historiques, en observant les techniques et les gestes employés, et en comprenant les raisons derrière chaque choix.
En somme, la richesse de ce métier réside dans sa diversité, et il offre une source d’apprentissage continue, de sorte qu’on ne s’ennuie jamais après de nombreuses années de pratique.
Etes-vous collectioneur vous-même ?
C’est indéniable que dans ce métier, il existe une tentation, de vouloir posséder une voiture soi-même. On peut ressentir le désir de dire : « Je veux aussi une voiture pour moi ». Personnellement, je ne suis pas un collectionneur, ce qui signifie que je n’ai pas cette attirance pour la possession ou la propriété de véhicules. Si je souhaite admirer de belles voitures, je préfère les voir dans les musées ou dans l’atelier, où elles sont comme si elles m’appartenaient. Par conséquent, je ne ressens pas le besoin de dire : « J’ai la même voiture, mais la sienne est un peu meilleure.«
Je pense que l’essentiel est de ne pas confondre l’intérêt pour les voitures et la nécessité de les posséder. Les métiers liés à l’automobile, que ce soit en tant qu’historien ou dans d’autres domaines, peuvent être une source d’intérêt et d’expertise, même sans être propriétaire de véhicules. On peut développer une passion pour la construction automobile et en acquérir des connaissances approfondies sans pour autant posséder une voiture.
Les jeunes dans la reprise de votre atelier ?
En ce qui concerne les jeunes, nous devons nous adapter et apprendre de leurs compétences. Cela nous pousse à remettre en question notre approche et à rester à jour. Nous nous considérons toujours comme des étudiants et des enseignants en même temps, ce qui maintient notre humilité et notre capacité à rester connectés à notre métier.
De plus, nous avons eu l’opportunité d’accueillir des jeunes itinérants, ce qui a conduit à un partenariat avec les Compagnons. Cela nous a permis d’avoir des jeunes déjà qualifiés, tout en créant un environnement favorable pour eux. L’atelier doit être accueillant et inspirant, encourageant ainsi les jeunes à travailler.
Nous avons toujours eu des Compagnons qui ont pu s’exprimer, car s’ils avaient déjà les compétences nécessaires, nous leur donnions la chance de s’exprimer et de ne pas simplement suivre les directives sans réfléchir. C’est une expérience très enrichissante, car chaque jeune apporte sa personnalité unique. En restant longtemps dans nos métiers, il peut y avoir un sentiment de lassitude, c’est pourquoi les voitures nous offrent constamment de nouvelles opportunités. Les clients diffèrent également, un collectionneur de Citroën n’est pas le même qu’un collectionneur de Bugatti ou de Renault, donc nous traitons avec des personnalités variées.
En fin de compte, il est important que je reste encontact direct avec l’atelier, car une croissance excessive peut entraîner la nécessité de devenir un chef d’entreprise, ce qui éloignerait du coeur même de notre métier En tant que mentor, on guide, on offre un soutien occasionnel et on permet aux jeunes de mettre leur propre empreinte sur l’atelier. Cette transition est une étape cruciale, car il ne s’agit pas simplement de couper les liens du jour au lendemain, mais de passer le flambeau et de permettre aux nouveaux propriétaires de s’épanouir dans leur rôle.
Il est en effet un choix très honorifique, pour moi et pour eux. Je ne les ai pas choisis au hasard, car ils sont très talentueux. On ne confie pas son atelier à n’importe qui. La transmission doit se faire en douceur, avec un mentorat continu pour garantir la réussite de la passation.
Une sorte de relation de Maitre et disciple ?
Grâce au programme « Maître-Élève » de l’Institut National des Métiers d’Art, j’ai entamé le processus de transmission de mon entreprise.
Isaak Rensing et Romain Gougenot ont été sélectionnés pour garantir la continuité et la pérennité de notre entreprise.
Ce processus implique que le maître encourage ses élèves à surpasser ses compétences, en apportant leur propre perspective et leur propre valeur ajoutée. Cela requiert une certaine humilité, ce qui peut s’avérer être un défi. En effet, les artisans rencontrent souvent des confrères qui sont réticents à partager leur savoir-faire par crainte de la concurrence que les jeunes pourraient représenter. Cependant, chaque artisan et son atelier sont uniques, et les clients sont attirés par le travail effectué et les personnes qui le réalisent.
L’atelier en lui-même, l’ambiance qui y règne, joue un rôle essentiel pour attirer la clientèle. Les artisans n’ont pas nécessairement besoin d’un showroom pour attirer des clients, car leur travail parle de lui-même. Dans ce métier, il est souvent nécessaire de bâtir une relation de confiance avec le client, car les projets peuvent être de longue durée. C’est pourquoi il est crucial que le client visite l’atelier, observe comment le travail est effectué et discute avec les artisans avant de commencer les travaux. La confiance est un élément clé dans cette relation. C’est une dimension essentielle de ce métier, car la relation client-artisan ne se limite pas qu’au travail, elle englobe également des aspects humains et relationnels. L’ atelier devient aussi le domaine de l’artisan. En réalité, il est quasiment présent dans son atelier en permanence, travaillant sept jours sur sept. Ainsi, un environnement spécifique se forme, et les clients apprécient cette ambiance conviviale.
Je vous remercie Hubert Haberbsuch