A la rencontre de Mylùne Dorange 👌

Mar 17, 2025 | À la rencontre de..., ActualitĂ©s, BANQUETTE ARRIÈRE

son interview

Sur votre parcours et votre passion

D’oĂč vient votre passion pour le sport automobile et les vĂ©hicules anciens ?

Ma passion pour le sport automobile et les vĂ©hicules anciens remonte Ă  mon enfance. J’ai commencĂ© trĂšs jeune, vers 7 ans, en faisant de la moto, ce qui m’a tout de suite attirĂ©e vers la mĂ©canique et les moteurs.

J’ai aussi dĂ©couvert la Formule 1 avec ma maman, qui la regardait avec son pĂšre, mon grand-pĂšre que je n’ai pas connu. Elle aimait partager ces moments avec moi, et c’est ainsi que j’ai pris goĂ»t aux belles voitures. Toute petite dĂ©jĂ , j’adorais observer les modĂšles dans la rue.

Plus tard, un voisin, Raymond Narac, pilote et propriĂ©taire d’une concession, m’emmenait parfois Ă  l’école dans ses Porsche anciennes et modernes. Ce fut une rĂ©vĂ©lation ! Chez moi, ce genre de voitures Ă©tait inexistant, et grĂące Ă  lui, j’ai dĂ©couvert un univers fascinant. Je me souviens encore de ma premiĂšre fois Ă  bord d’une Porsche : un moment inoubliable.

Un autre dĂ©clic a Ă©tĂ© lorsqu’un ami de mes parents est venu avec une Porsche alors que j’étais ado. Je me suis dit : Waouh, cette voiture est incroyable !

Finalement, ce sont ces rencontres, plus que mon entourage proche, qui ont nourri et renforcĂ© ma passion. Chez mes parents, on avait juste une voiture pratique, un ScĂ©nic je crois. Mais grĂące Ă  Raymond et Ă  ces expĂ©riences marquantes, mon amour pour l’automobile n’a fait que grandir.

Quel a été le moment déclencheur qui vous a donné envie de devenir journaliste sportive dans cet univers ?

J’ai toujours voulu ĂȘtre journaliste, animĂ©e par une curiositĂ© insatiable. J’aime les rencontres, les histoires des gens, et par-dessus tout, les mettre en lumiĂšre.

Ironiquement, c’est un peu par hasard que je me suis retrouvĂ©e dans le sport automobile. J’aimais les courses, les voitures, mais jamais je ne m’étais dit que j’en ferais mon mĂ©tier. Un jour, une annonce de Peter Auto a croisĂ© ma route : ils cherchaient un prĂ©sentateur ou une prĂ©sentatrice novice pour commenter les courses. Sur un coup de tĂȘte, j’ai postulĂ©, persuadĂ©e que ça n’irait pas plus loin. AprĂšs tout, je n’avais jamais fait de face camĂ©ra et je n’étais pas franchement Ă  l’aise avec l’exercice.

Et pourtant
 ils m’ont rappelĂ©e. Tout a commencĂ© dans un garage, celui d’un ami, oĂč j’ai tournĂ© ma toute premiĂšre bande dĂ©mo. Une scĂšne surrĂ©aliste : moi, improvisant des interviews, pas du tout en confiance, hĂ©sitante, loin de l’aisance d’aujourd’hui. J’ai revu cette vidĂ©o rĂ©cemment
 et autant dire qu’elle m’a fait rire ! Mais c’est lĂ  que tout a basculĂ©. Ce moment, aussi maladroit soit-il, a Ă©tĂ© le point de dĂ©part d’une aventure incroyable. Comme quoi, il suffit parfois d’oser.

Sur votre engagement et le Women’s Motor Club Cliquez ici 

Pourquoi avoir crĂ©Ă© le Women’s Motor Club et quel est son objectif principal ?

J’ai toujours Ă©tĂ© passionnĂ©e par l’auto, la moto, et l’aviation aussi. Je ne pilote pas d’avion, mais ces trois univers me fascinent. Je suis souvent allĂ©e Ă  l’Automobile Club de France, un endroit que je trouve absolument magnifique. L’idĂ©e d’un club dĂ©diĂ© Ă  l’automobile, oĂč l’on peut Ă©changer, rĂ©seauter, et vivre pleinement sa passion lors d’évĂ©nements, c’est juste gĂ©nial. J’aurais adorĂ© en faire partie, mais
 c’est un club rĂ©servĂ© aux hommes, c’est le principe d’un club Ă  l’anglaise, et je respecte ça. Mais ça m’a fait rĂ©flĂ©chir. Pourquoi nous, les femmes passionnĂ©es d’auto, de moto et d’aviation, on n’aurait pas aussi notre propre club ? Un lieu oĂč l’on pourrait se retrouver, Ă©changer, partager notre passion dans une vraie dynamique de sororitĂ©.

J’aimais dĂ©jĂ  l’idĂ©e des clubs fĂ©minins, mais un club oĂč les membres se rassemblent autour d’une passion commune pour la mĂ©canique et la vitesse, lĂ , ça devenait vraiment excitant. Quand tu rejoins ce type de club, c’est que tu as envie de rencontrer d’autres femmes qui partagent ton univers, d’élargir ton rĂ©seau, de crĂ©er des connexions sincĂšres et d’entraide. C’est un cercle fermĂ©, intimiste, oĂč chacune a sa place et peut compter sur les autres.

Pour finir, l’idĂ©e, c’est ça : un espace oĂč l’on vibre ensemble autour de nos passions, oĂč l’on se soutient et oĂč l’on crĂ©e des opportunitĂ©s, tant humaines que professionnelles. Et honnĂȘtement, je trouve ça hyper stimulant !

Voyez-vous une évolution dans la place des femmes dans le milieu automobile ces derniÚres années ?

HonnĂȘtement, si je dois ĂȘtre totalement transparente
 Oui, j’ai dĂ©couvert les Iron Dames, https://www.irondames.ch/

cette Ă©quipe 100 % fĂ©minine qui fait de la course automobile, et c’est gĂ©nial. Mais, pour ĂȘtre franche, je n’ai jamais ressenti de vraie barriĂšre pour les femmes dans l’automobile en gĂ©nĂ©ral. J’ai toujours trouvĂ© qu’on Ă©tait bien acceptĂ©es. En revanche, en sport auto, pour les pilotes, c’est vrai qu’il y en avait beaucoup moins. Mais aujourd’hui, ça change, et c’est hyper motivant de voir toute une nouvelle gĂ©nĂ©ration arriver. Il y a de plus en plus de filles qui se lancent, et ça fait vraiment plaisir. Évidemment, on doit ça aux pionniĂšres. Des femmes comme Michelle Mouton ont ouvert la voie, et c’est grĂące Ă  elles que les jeunes filles osent rĂȘver plus grand et se lancer Ă  leur tour. Donc, globalement, dans le monde de l’automobile, je ne trouve pas qu’on ait eu tant de barriĂšres. Au contraire, il y a de plus en plus de femmes passionnĂ©es et engagĂ©es, que ce soit en tant que pilotes ou dans d’autres rĂŽles, et ça, c’est juste gĂ©nial !

Avez-vous déjà été confrontée à des préjugés en tant que femme, passionnée de mécanique et de sport automobile ? »

Franchement, pas vraiment.
J’ai toujours eu des gens bienveillants autour de moi dans ma passion. Alors oui, au tout dĂ©but, il y avait toujours un ou deux curieux pour se demander « Mais pourquoi elle a cette voiture ? », mais bon
 C’étaient souvent des gars un peu « old school », ceux qui ont du mal Ă  sortir de leurs habitudes. Mais honnĂȘtement, ça va. Avec le temps, je trouve qu’ils ont compris qu’on pouvait ĂȘtre tout aussi passionnĂ©es qu’eux. Bon, certains pensent encore qu’on en sait un peu moins, mais finalement, ce n’est pas un problĂšme. Il suffit juste d’affirmer sa passion, de montrer qu’on connaĂźt son sujet et de ne pas se laisser impressionner. Et lĂ , tout roule !

Expériences et anecdotes

Quelle est la voiture qui vous a le plus marquée et pourquoi ? »

Oh, question difficile… Si je devais en retenir deux, il y a Ă©videmment des voitures qui ont marquĂ© mon histoire. Enfin
 deux en particulier. Mais bon, ne me demande pas les modĂšles exacts, je n’ai pas tout retenu ! Ce dont je me souviens trĂšs bien, en revanche, c’est des Porsche avec lesquelles Raymond venait me chercher quand j’étais ado. C’est lĂ  que mon amour pour la marque et pour l’automobile ancienne a vraiment commencĂ©. Il me semble qu’il y avait une 911 Targa, sĂ»rement une 3.2 litres
 Je dirais que c’était ça. Et aujourd’hui, quand j’y repense, je me rends compte Ă  quel point ces moments ont influencĂ© mon parcours.

Et puis, il y a ma voiture. La premiĂšre que je me suis achetĂ©e toute seule, avec mon travail : une Lancia Delta IntĂ©grale. Celle-lĂ , elle reprĂ©sente bien plus qu’un simple achat. C’était un rĂȘve de gosse, une voiture qui me faisait vibrer en rallye, et l’avoir aujourd’hui, c’est une vraie fiertĂ©. Pour moi, c’était aussi une maniĂšre d’affirmer ma place dans ce milieu. J’ai toujours voulu que les femmes aient leur voiture, qu’elles ne roulent pas juste dans celles de leur mari. Alors en avoir une Ă  moi, avant mĂȘme d’avoir 30 ans, ça compte Ă©normĂ©ment.

Cela Ă©tant, il y en a plein d’autres qui me font rĂȘver. Moi, tout ce qui touche aux courses historiques, c’est mon truc. Les Group C, les Endurance Racing Legends, tout ce que tu vois au Mans Classic
 À chaque fois que je croise ces voitures, j’ai des frissons. C’est un mĂ©lange de passion et d’admiration qui ne me quitte jamais.

Y a-t-il une course ou un événement automobile auquel vous avez participé qui vous a particuliÚrement marquée ?

Franchement, pour moi, il y a deux courses qui sont juste incroyables : les 24 Heures du Mans et le Dakar. Rien à voir l’une avec l’autre, mais elles me font vibrer à chaque fois.

Les 24 Heures du Mans, c’est une vraie histoire d’amour. Ça fait cinq ou six ans que je couvre la course pour L’Équipe en tant que reporter, et pourtant, chaque annĂ©e, c’est le mĂȘme frisson. DĂšs que j’entends la musique du dĂ©part, c’est fini, j’ai les poils qui se dressent, les yeux qui commencent Ă  piquer
 Ce moment du dĂ©part, la nuit, l’intensitĂ© de la course
 C’est juste indescriptible. C’est clairement une des courses qui me marquent le plus en tant que journaliste.

Et puis, il y a le Dakar. ComplĂštement diffĂ©rent, mais tout aussi dingue. Voir ces pilotes partir Ă  l’aventure, c’est quelque chose. En plus, il y a l’auto et la moto, mes deux passions rĂ©unies. Quand tu penses Ă  tous les pilotes lĂ©gendaires qui ont marquĂ© l’histoire de cette course – Auriol, Sabine
 – c’est juste fou.

Bref, ces deux courses n’ont rien en commun, et pourtant, elles me procurent la mĂȘme sensation : des Ă©motions brutes, une adrĂ©naline unique. Chaque fois que j’y retourne, c’est comme une Ă©vidence.

Si vous pouviez interviewer n’importe quelle personnalitĂ© du sport auto, qui choisiriez-vous et pourquoi ?

J’ai eu la chance d’interviewer des gens incroyables, des pilotes qui m’impressionnent encore aujourd’hui. SĂ©bastien Loeb, par exemple
 À chaque fois que je l’ai en face de moi, je me dis : « Mais attends, c’est SĂ©bastien Loeb, quand mĂȘme ! » Il est hyper sympa, vraiment accessible, mais il y a toujours cette petite sensation de « waouh ».

J’ai aussi interviewĂ© StĂ©phane Peterhansel, une lĂ©gende, Romain Dumas, qui a brillĂ© aux 24 Heures du Mans, et plein d’autres pilotes français. Chaque Ă©change est un moment particulier.

Mais alors, si je devais choisir une interview de rĂȘve ? Franchement, j’hĂ©site
 Lewis Hamilton, c’est une icĂŽne, son parcours est fascinant, mais il ne parle pas français et ce serait un peu frustrant. D’un autre cĂŽtĂ©, Charles Leclerc, il parle français, et j’aurais mille questions Ă  lui poser sur sa trajectoire, sa maniĂšre de se construire en tant que pilote.

Donc, soyons rĂ©alistes : si je pouvais choisir maintenant, ce serait Charles Leclerc en français. Mais si, par magie, je me rĂ©veillais bilingue demain, alors lĂ , direct, j’irais interviewer Lewis Hamilton !

Projections et conseils

Quel conseil donneriez-vous Ă  une jeune fille qui rĂȘve de faire carriĂšre dans le journalisme sportif automobile ? »

Franchement, faut y aller, foncer, parce que c’est un milieu juste dingue. Moi, si je me suis lancĂ©e dans le journalisme auto, et plus prĂ©cisĂ©ment dans le sport automobile, c’est parce qu’à force de traĂźner sur les circuits – Ă  l’époque, j’accompagnais mon compagnon, qui est toujours mon compagnon d’ailleurs aprĂšs huit ans – j’ai pris conscience de la chance qu’on a d’ĂȘtre lĂ . Et cette chance, en tant que journaliste, c’est aussi de pouvoir la partager. Notre rĂŽle, c’est de montrer aux gens ce qu’ils ne peuvent pas voir par eux-mĂȘmes, de leur faire vivre l’ambiance, les courses, l’adrĂ©naline. Et honnĂȘtement, c’est un truc de fou.

Les rencontres qu’on fait, l’intensitĂ© qu’on vit sur une grille de dĂ©part
 Le bruit des voitures, l’excitation qui monte
 Il n’y a pas mieux. C’est vraiment un monde Ă  part.

Et puis, surtout, il y a de la place pour les femmes ! Donc, aucune hĂ©sitation : si ça te fait vibrer, vas-y. Mais attention, c’est un mĂ©tier oĂč il faut ĂȘtre passionnĂ©. Vraiment. Si tu n’es pas passionnĂ©, ce n’est mĂȘme pas la peine d’y penser.

Quels sont vos prochains projets, avec le Women’s Motor Club ?

Au sein du Women’s Motor Club Proms, nous avons pour ambition d’organiser un Ă©vĂ©nement au Mans classique, notamment en crĂ©ant un campement exclusivement fĂ©minin. Ce projet reprĂ©sente l’une de nos initiatives majeures Ă  venir. Par ailleurs, nous planifions diverses sorties et activitĂ©s enrichissantes. Le dĂ©veloppement de notre volet associatif est Ă©galement essentiel pour nous, avec la volontĂ© de lever des fonds au profit d’associations fĂ©minines. Cependant, en tant que jeune association d’un an et demi, nous faisons face Ă  des dĂ©fis financiers. NĂ©anmoins, nous restons confiantes et dĂ©terminĂ©es Ă  surmonter ces obstacles pour rĂ©aliser nos projets

Et en tant que journaliste ? 

Je me lance dans de nouveaux formats, notamment des documentaires oĂč je vais passer 24 heures avec des personnalitĂ©s, des cĂ©lĂ©britĂ©s, des athlĂštes, pour les dĂ©couvrir autrement. C’est une maniĂšre pour moi d’aller plus loin, d’en apprendre plus sur ces personnes qui m’intriguent. C’est en fait la raison pour laquelle j’ai voulu devenir journaliste : ma curiositĂ© insatiable pour les histoires des gens. J’adore les Ă©couter, les comprendre, les analyser.

J’ai Ă©normĂ©ment d’empathie, et je me suis dit qu’il fallait que je mette tout ça Ă  profit. AprĂšs mes cinq ou six annĂ©es en tant que reporter sur le terrain, je continuerai Ă©videmment Ă  couvrir des Ă©vĂ©nements comme les 24 Heures du Mans ou la Formule 1, mais en parallĂšle, je vais dĂ©velopper ces formats documentaires.

Je ne vous en dis pas trop pour le moment, c’est encore en prĂ©paration, mais j’espĂšre que ça vous plaira. C’est un tournant excitant pour moi, et je suis ravie de pouvoir me lancer dans cette nouvelle aventure, de faire quelque chose qui me passionne vraiment. VoilĂ  un aperçu des projets Ă  venir !

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