Bienvenue dans l’univers Studebaker,
10 questions à un nouveau passionné
Stéphane Devaucoux
Chaque adhérent qui rejoint l’Amicale apporte avec lui une histoire, un regard, une émotion. Certains sont collectionneurs chevronnés, d’autres tout juste tombés amoureux d’une ligne, d’un capot, d’un nom mythique. Pour mieux connaître ceux qui rejoignent notre belle communauté, nous avons imaginé dix questions aussi curieuses qu’amicales.
Voici le portrait d’un collectionneur Studebaker tout juste arrivé parmi eux…😉
Quelle a été votre toute première rencontre avec une Studebaker ? Coup de foudre instantané ou amour qui a mis du temps à éclore ?
Ayant été séduit par son magnifique design, je cherchais à acquérir une Studebaker commander de 1953 ou 54, propulsée par son moteur V8 que j’affectionne tout particulièrement. Mais la rareté de ce modèle rendait cette recherche difficile d’autant que je ne souhaitais pas affronter les affres des complications administratives liées à une importation d’outre atlantique. Après maints déboires et désillusions, j’ai trouvé l’objet de cette recherche en consultant les annonces sur le site de l’Amicale Studebaker et voilà comment notre histoire a débuté.
Si votre Studebaker pouvait parler, quelle anecdote de son passé (ou du vôtre à son volant) raconterait-elle en premier ?🤗
Elle pourrait attester que je suis seulement le troisième propriétaire en plus de 70 ans, qu’elle m’a permis par le hasard des coïncidences de faire la connaissance d’un passionné, au sens noble du terme, au demeurant président de notre Amicale et de me permettre de partager de beaux moments de vie avec lui.
Dans quel film, époque ou univers rêveriez-vous de faire apparaître votre voiture ? Avec vous au volant, bien sûr.
Au regard de la ligne sportive et élégante, de la noblesse de cette belle automobile, je ne peux m’empêcher de l’imaginer pilotée par un célèbre espion ou un personnage hitchcockien, poursuivi sur une route sinueuse bordée d’un profond ravin dans un paysage grandiose.
Une panne mémorable, un défi mécanique insoluble… avez-vous déjà vécu une « épopée Studebaker » digne d’un roman ?
Défi mécanique insoluble heureusement non. En revanche des heures ardues de démontage complexe, pourtant guidées par les conseils des experts de l’Amicale, m’ont plusieurs fois fait transpirer. Mais le plaisir de la conduire sublime les soucis et galères mécaniques. Rouler et entretenir une ancienne cela se mérite !
Avez-vous une pièce fétiche ou un détail de votre modèle qui vous fait dire : “C’est pour ça que je l’aime” ?
Incontestablement le design de cette voiture d’où il se dégage une harmonie dans les proportions, une fluidité dans la ligne et une noble sobriété d’ensemble la rendant prestigieuse sans ostentation.
La marque Studebaker a un passé industriel riche et atypique. Y a-t-il un chapitre de cette histoire qui vous fascine particulièrement ?
Bien sûr comme toutes les marques qui ont façonné l’histoire de l’automobile Studebaker a apporté son lot d’innovations. Mais il faut considérer qu’au-delà de l’aspect technique et esthétique Studebaker a tout au long de son existence œuvré pour améliorer la mobilité des hommes depuis les chariots des pionniers jusqu’aux belles voitures que nous nous plaisons à toujours faire rouler pour que cette illustre marque ne tombe pas dans l’oubli.
Votre entourage comprend-il votre passion, ou est-ce un doux virus que vous portez un peu seul ?
Si je prends l’exemple de ma compagne, qui ne nourrissait aucun intérêt particulier pour les voitures anciennes et pour qui l’automobile n’était qu’un objet utilitaire, la fréquentation régulière en ma compagnie de nombreuses manifestations a fait naître le souhait d’intégrer la coterie des possesseurs de véhicules historiques. Ce souhait s’est concrétisé par l’acquisition d’une jolie MGB GT dans laquelle elle a découvert un vrai plaisir de conduire.
En revanche, ma fille ne comprend pas comment son père peut avoir une passion pour ces « ferrailles » dans lesquelles on ne peut même pas adapter « d’Apple Car Play » pour être connecté ! J’ai tenté de lui expliquer que la sphère des amateurs de voitures anciennes était mon réseau social avec la différence fondamentale que nous sommes dans le réel et le tangible alors que ces réseaux sociaux ne reposent que sur une triste virtualité éphémère. Mais nul n’est prophète en son pays !
Si vous pouviez faire un road trip avec votre Studebaker, partout dans le monde, où iriez-vous, et pourquoi ?
Question difficile ! Car une route nous mène toujours quelque part, que ce soit dans des grands espaces comme aux Etats Unis, dans les méandres envoutant d’une route de montagne ou le long d’une côte escarpée dominant la majesté de l’océan. Au volant d’une automobile ancienne le but du chemin c’est le chemin lui-même pour nous amener quelque part, mais ailleurs transcendant l’espace et le temps. Et c’est dans ce nulle part, en paix avec soi-même, que la catharsis s’opère et que l’on redécouvre que nous pouvons être libres.
Qu’attendez-vous de votre adhésion à l’Amicale ? Des conseils techniques, des amis de virée, ou juste le plaisir d’être entouré de gens “qui comprennent” ?
C’est, pour ce qui me concerne, une synthèse de vos différentes assertions. La passion fédère, rassemble et relie. Lorsque des hommes partagent un violon d’Ingres commun, notre nécessaire besoin de sociabilité nous conduit à tisser des liens d’amitiés en fonction de critères qui sont propres à chacun et quand ce lien est établi il devient naturel d’avoir envie de se rencontrer, de s’aider, de transmettre ses connaissances et expériences diverses et de partager ensemble des émotions.
Dans Amicale il y a « ami », personne liée à une autre par une affection réciproque nous affirme l’académie française, alors assurément si j’adhère à une amicale c’est que j’ai envie d’être Ami.
Et si vous deviez convaincre un jeune de 20 ans que rouler en Studebaker, c’est l’avenir… que lui diriez-vous ?
Tout au long du 20ème siècle des milliers d’inventions sont nées pour faciliter et préserver la vie des hommes avec l’effet pervers d’une dépendance.
Malheureusement chaque médaille à son revers et cette progression technologique, sans cesse plus rapide, asservit et soumet de plus en plus les utilisateurs.
L’automobile n’échappe pas à cette règle le conducteur soumis aux injonctions de capteurs électroniques et de calculateurs « intelligents » doit obéir ou accepter que ces gadgets électroniques agissent seuls. Alors je lui dirais de faire un voyage dans le passé, au temps où pour profiter d’une automobile il fallait la connaître, l’apprivoiser, comme on le faisait dans un passé encore plus lointain avec les chevaux, et d’essayer de ressentir le plaisir ultime de l’union de l’homme et sa machine. Bien sûr on m’objectera que les risques étaient plus importants, plus dangereux, mais une vie exempte de risque, aseptisée excluant toute prise de décision, bref sans sel ni épice, vaut-elle la peine d’être vécue ?
Je conclurai cette interview, si vous m’y autorisez, (ndr – Avec grand plaisir 👌) par une citation d’Alexis de Tocqueville : « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres »
