À la rencontre du…Maestro du Métal, « Mehdi Vidal, Tolier-Formeur d’Exception »

Jan 15, 2024 | À la rencontre de..., Actualités, BANQUETTE ARRIÈRE

De l’éclat des ateliers à la maîtrise automobile, le parcours extraordinaire de Mehdi Vidal…

 

 

Une quête d’excellence technique

Dans l’univers exigeant de l’artisanat automobile, Mehdi Vidal se distingue par une approche singulière axée sur la haute technicité. Son parcours remarquable est le reflet d’une philosophie qui privilégie la maîtrise technique, la rigueur, la passion et l’humilité.

Pour Mehdi, l’automobile est un domaine où l’excellence est atteignable par la maîtrise technique. Dès ses premiers pas dans l’artisanat automobile à l’âge de 15 ans, il a tracé son chemin avec une détermination sans faille. Devenu Compagnon Carrossier du Devoir à 21 ans, il a ensuite fondé sa propre entreprise à 25 ans. Le titre prestigieux de Meilleur Ouvrier de France, décroché à 31 ans, et la reconnaissance en tant que Maître Artisan à 32 ans témoignent de sa recherche incessante de perfection technique.

« Ni artistes ni mécaniciens, nous sommes enfin perçus comme des artisans d’art ». Hubert Haberbusch

La rencontre fortuite avec Hubert Haberbusch s’est révélée être un tournant décisif dans le parcours de Mehdi Vidal. Ce maître-tôlier émérite, Chevalier des Arts et des Lettres, a insufflé à Mehdi une passion renouvelée pour l’art de la tôlerie, transformant son approche artistique. Sous l’influence bienveillante d’Hubert, Mehdi a embrassé la haute technicité tout en préservant l’essence artistique, forgeant ainsi un parcours qui marie habilement la rigueur technique et la créativité inspirée. Cette rencontre a catalysé une évolution significative dans le cheminement de Mehdi Vidal.

Dans un domaine où l’art et la technique se rencontrent fréquemment, Mehdi Vidal expose une vision audacieuse. Celle-ci se concentre sur la haute technicité tout en respectant l’aspect artistique. Cette approche distinctive témoigne de son engagement inébranlable envers une esthétique guidée par la pure technicité, faisant de chaque œuvre un exemple de précision artistique et de savoir-faire.

Pour Mehdi, l’excellence naît de la maîtrise technique. Plongé dans l’atelier de son père, carrossier émérite, dès son enfance, il a hérité d’une passion guidée par la précision. Ses huit années itinérantes en France et en Angleterre en tant que Compagnon Carrossier du Devoir en 2012 ont marqué une étape cruciale dans sa quête de maîtrise artisanale. Chaque étape de son parcours démontre son engagement envers la technicité, refusant toute concession à l’art.

Passion et Humilité, les piliers de l’Excellence

Loin de l’effervescence artistique, Mehdi puise son inspiration dans la passion et l’humilité. Son atelier en Ariège, inauguré en 2017, est le terrain où la transmission du savoir devient naturelle. Remportant le concours du Meilleur Apprenti de France avec ses protégés, il incarne la passion pour son métier et l’humilité face au processus d’apprentissage constant.

Vers l’International avec la même philosophie

Mehdi Vidal incarne une vision unique dans l’artisanat automobile, où la haute technicité est la clé de voûte de son succès.

Découvrez son travail

https://www.tolerie-forme.com/

https://www.lavieestunfilm.com/video/mehdi-vidal-meilleur-ouvrier-de-france/

 

 

 

l’interview 

Quels ont été les moments clés qui ont nourri votre passion précoce pour l’artisanat automobile et vous ont conduit à devenir un artisan tôlier-formeur ? 
Les moments clés qui ont nourri ma passion précoce ont été le sujet de MOF que j’ai vu pour la première fois chez les Compagnons. C’était une aile de DS fabriquée entièrement au marteau à la main.
En tant que jeune apprenti, l’écart de compétences entre mes efforts et ce qu’impliquait une oeuvre de cette envergure a été un moteur de motivation à me dédier complètement vers la tôlerie-forme J’ai alors compris le gouffre de savoir-faire qui me séparais de l’excellence, et que c’était bien là, selon moi, le secteur qui impliquait le plus de compétences et de polyvalence cumulés.
Un autre moment a été ma rencontre avec un meilleur ouvrier de France, Yves Pasquiet, à mes 18ans à Lyon, qui m’avait confié un samedi soir en partant de l’atelier des Compagnons à une heure un peu tardive, qu’il pensait que j’avais les capacités pour devenir un bon tôlier-formeur.
Un troisième a été mon voyage de deux ans en Angleterre qui m’a fait maitriser l’aluminium. Et pour conclure, mon dernier voyage, peut-être même le plus important, car il fallait la maturité et l’expérience nécessaire pour en jouir pleinement, c’était les Etats-Unis. Ma rencontre avec le légendaire Mike Kleeves et le temps passé à travailler aux côtés de Hans Sahling. J’ai eu le privilège d’apprendre auprès de deux maîtres tôliers exceptionnels, dont l’expérience a été source d’enseignements précieux malgré mes nombreuses années dans le domaine. Dans le même temps, j’ai eu l’opportunité de partager en retour mes connaissances avec eux, notamment en ce qui concerne le maniement du marteau manuel.

Comment la rencontre avec Hubert a-t-elle influencé votre parcours professionnel et en quoi son mentorat a été déterminant pour votre carrière ? 

 Hubert m’a accordé sa confiance dès le départ, offrant l’opportunité de démontrer mes compétences malgré ma jeunesse. Cela m’a ouvert les portes de la restauration automobile à une époque où ce domaine n’était pas en vogue. Mon engagement a démenti les préjugés sur la tôlerie-forme, montrant qu’elle nécessite ouverture d’esprit, évolution et détermination.

Pouvez-vous partager une expérience significative de restauration automobile qui a été particulièrement enrichissante ou marquante dans votre carrière ?

 

Au cours de ma carrière, l’acquisition il y a quelques années du marteau-pilon (ou martinet – power hammer) Pettingell a été une expérience inoubliable, marquée par un voyage aux États-Unis. Travailler quotidiennement avec ces marteaux exceptionnels, aux côtés de tôliers-formeurs renommés tels que Mike Kleeves et Hans Sahling d’Automobile Métal Shaping (A.M.S.), a été une opportunité unique. Leur implication dans la création de la Bugatti Type 64 en magnésium pour la collection Peter Mullin reste un moment emblématique.  
Cette collaboration a été un échange fructueux de connaissances mutuelles. Avec humilité, je peux affirmer avoir été le premier importateur des marteaux pneumatiques américains et le seul détenteur du Pettingell en France. La confiance accordée par mes mentors américains m’a permis de bénéficier de cent ans de savoir-faire, une véritable bénédiction. 
Fort de ces 17 années d’expérience, mon entreprise intègre désormais des techniques exclusives, nous permettant d’atteindre des standards de qualité élevés. C’est le fruit d’un parcours singulier et de collaborations enrichissantes.
En tant que Meilleur Ouvrier de France dans la classe métier réparateur en carrosserie auromobile, comment percevez-vous votre rôle dans la préservation et la valorisation de cet artisanat ?
Mon rôle est pris avec sérieux, car la tôlerie-forme est un métier exigeant, demandant persévérance, motivation, passion, humilité et compétences techniques. 
En tant que MOF et Compagnon du Devoir, je considère la transmission, l’excellence et le professionnalisme comme des piliers essentiels. Sa maîtrise est impossible sans échec et sans un bon sens d’analyse. Cela demande aussi une affinité avec la matière. Il ne s’agit pas de suivre une procédure, il faut que ça sorte des tripes.
Le Meilleur Ouvrier de France a pour responsabilité d’incarner l’excellence technique, le Compagnon doit manifester une attitude exemplaire sur le plan humain, tandis que l’Ouvrier doit faire preuve de professionnalisme. Il revêt une importance primordiale de promouvoir la profession. Je suis professionnel, certes passionné, mais professionnel avant tout.

Comment la transmission du savoir occupe-t-elle une place centrale dans votre carrière, notamment avec l’ouverture de votre propre atelier et les succès de vos apprentis au concours du Meilleur Apprenti de France ? 

 
La transmission est inévitablement un axe majeur. Je me dois de donner ce que l’on m’a transmis. On dit souvent que la jeunesse est bonne à rien, mais la réalité c’est que nous ne donnons plus aux jeunes le temps d’apprendre, nous ne dédions plus le même temps qu’auparavant. Dès le début de ma société, j’ai pris des apprentis. Il est vrai que beaucoup ont arrêtés en chemin, mais ceux qui ont tenus bons seront les tôliers de demain. La voie d’excellence de demain, et les dignes représentants de la profession.
Je serai heureux d’avoir peut-être était (ou être) un relai, un ouvrier oeuvrant dans l’ombre pour permettre à plus jeune de briller. 
Le fait d’avoir mes actuels ouvriers tous titrés de la médaille d’or nationale du concours MAF prouve bien mes propos.Rendez-vous dans quelques annéeslorsqu’ils auront l’âge minimum pour participer au concours MOF!

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