ART – Axel Ruhomaully, le clair-obscur Part I

Nov 10, 2023 | Actualités, PODIUM ! pleins phares sur les artistes

Axel Ruhomaully, le Pirate aux milles trésors

Axel Ruhomaully, tisse des images qui transcendent la simple photographie. Ses œuvres ne sont que poésie figée dans l’instant, un voyage au-delà des limites du réel. À travers son objectif, il capture des émotions, des histoires et des rêves qui se cachent derrière chaque lieu, chaque objet. Ses photos évoquent une mélodie silencieuse, une danse de la lumière et de l’obscurité. Il est un artiste qui transforme le quotidien en un univers onirique, où chaque cliché est une fenêtre ouverte sur l’âme du monde. Axel Ruhomaully, le poète de la photographie, nous invite à explorer le sublime à travers son objectif. 

Quelle est la photo la plus surprenante ou inhabituelle que vous ayez jamais prise ?

La capsule Vostok 5 qui est allée dans l’espace en juin 1963 avec à son bord le commandant Valery Bykovsky. De manière exceptionnelle, le Musée du Cosmos Tsiolkovsky à Kaluga (Russie) m’a autorisé à la photographier ou ouvrant ce vaisseau spatial mythique !


Avez-vous déjà utilisé des techniques ou des matériaux inhabituels dans votre processus
photographique ?

J’ai pour habitude de créer un noir profond à la prise de vues. Ce noir intense que j’obtiens en  sous-exposant volontairement mon image est mon canevas de départ. Je sculpte ensuite les objets et / ou les lieux avec mes ‘Pochoirs de lumière’. Ce sont mes flashs que j’utilise avec une série d’accessoires pour diriger et canaliser mes flux de lumière.


Quel est le moment le plus étrange ou le plus émouvant que vous ayez vécu en prenant
une photo ?

J’ai exploré un ancien bâtiment industriel à Maurice, un grenier à grains abandonné depuis les années 60. Au 3ème étage de ce bâtiment, vide de toute âme, je suis arrivé dans une salle où une chaise, seule, était posée au milieu de la pièce. Comme si elle avait été récemment installée par quelqu’un, comme si cette chaise m’attendait ! Elle est devenue l’élément central de ma composition, une photo qui provoque frissons, émotion et interrogations quand on la regarde.


Si vous pouviez voyager dans le temps, quel événement historique aimeriez-vous
photographier ?

La capsule et la fusée de Youri Gagarine 24 heures avant son tout premier voyage dans l’espace en 1961.


Si vous pouviez travailler avec n’importe quel autre artiste, vivant ou décédé, qui choisiriez-vous et pourquoi ?

J’aurais simplement aimé m’asseoir discrètement, sans bruit, dans l’atelier de Rembrandt ou Le Caravage pour les observer travailler en silence. Admirer leurs coups de pinceaux, leurs maitrises de la lumière, leurs sens de l’observation, … Comment ils font jaillir la lumière de l’obscurité !


Quel est le projet photographique le plus inhabituel ou le plus non conventionnel sur
lequel vous avez travaillé ?

J’ai eu la chance de travailler sur l’ancienne base militaire de Dijon, là où est basée la fameuse patrouille acrobatique Breitling Jet Team. Jacques Bothelin, son leader charismatique (qui est maintenant devenu un ami) m’a autorisé à photographier de nuit, tout seul dans le hangar face à la piste, ses mythiques avions, des Albatros L39, qui ont émerveillé des centaines de milliers de personnes à travers le monde lors de meetings aériens.


Y a-t-il une émotion ou un sentiment particulier que vous essayez souvent de transmettre
à travers vos photos ?

J’aime l’idée de transmettre un sentiment d’émerveillement à travers mes photos. Toucher le petit
garçon ou la petite fille qui sommeillent en vous. J’aime aussi l’idée de transmettre de la fierté car mes photos ont pour ambition de rendre hommage au savoir-faire et au génie humain.


Qu’est-ce qui vous attire spécifiquement dans la photographie de voitures anciennes ?

Les chromes, les cuirs, les lignes, les matières, les couleurs, … La poésie que m’inspire ces mécaniques !


Comment décririez-vous votre style photographique lorsqu’il s’agit de capturer des voitures anciennes ?

Je compare ma lumière à celle d’une mise en scène cinématographique en mode clair-obscur. Je travaille comme un directeur photo sur un plateau de cinéma. Les voitures sont mes actrices et je les fais émerger du noir pour qu’elles nous dévoilent leurs charme. La photo n’est-elle pas le court
métrage le plus court du monde ?


Y a-t-il des voitures anciennes qui vous ont particulièrement marqué ou que vous avez
aimé photographier ? Pourquoi ?

Question compliquée… Toutes ont une histoire, toutes sont révélatrices du talent de leurs designers et concepteurs respectifs. Elle sont les témoins de leur époque.


Quel est le moment le plus étrange ou le plus émouvant que vous ayez vécu en prenant
une photo ?

Je suis en train de travailler sur une mise en lumière de la formidable collection de jouets aéronautiques conservés dans les réserves du Musée de l’air et de l’espace. Certains jouets ont plus de 100 ans ! C’est très émouvant de photographier un jouet qui a fait rêver une petite fille ou un petit garçon au début du 20ème siècle.


Avez-vous déjà rencontré des difficultés ou des obstacles inhabituels lors de vos séances photo ?

A chaque prise de vues sa difficulté et chaque session comporte ses défis à relever. Mon intention n’est pas de montrer l’objet ou le lieu tels qu’ils sont de manière descriptive mais plutôt de provoquer de l’émotion, d’attiser la curiosité et de nourrir l’imagination du spectateur. Comment, dès lors, suggérer une ligne tout en traduisant la main de l’homme avec mes pinceaux de lumière… Tout est alors question d’équilibre et d’alchimie.


Si vous pouviez photographier n’importe quoi ou n’importe qui, sans aucune restriction,
qu’est-ce que ce serait ?

Sans hésitation, mon voeu le plus cher dans ma démarche d’artiste serait de pouvoir avoir accès
aux collections et réserves des plus grands Musées techniques du monde pour mettre en lumière
les objets iconiques qu’ils conservent précieusement.


Quel est l’endroit le plus inhabituel ou le plus étrange où vous avez pris une photo ?

De par mes collaborations avec les Musées (Musée de l’Air et de l’Espace, Musée Leonardo Da Vinci, MuséeFerrari, Brooklands Museum, …), j’ai l’immense privilège d’avoir accès à ces prestigieuses institutions de nuit, pendant les heures de fermeture. Je rentre alors en dialogue, presque en communion, avec ces objets plongés dans l’obscurité et le silence.


Quel est l’objet ou le sujet le plus étrange que vous ayez incorporé dans une de vos compositions photographiques ?

Difficile de choisir… Si je devais choisir des objets mythiques, voici une petite liste des sujets et
objets qui m’ont touché : 
– Le casque complètement brûlé de Jacky Ickx, témoin de son terrible accident à Jarama en 1971
photographié dans une collection privé

– La moto de Che Guevara (La Poderosa) photographié à Cuba- Stan,

– Le squelette d’un T-Rex de 7 mètres photographié à Bruxelles.


Y a-t-il une émotion ou un sentiment particulier que vous essayez souvent de transmettre
à travers vos photos ?

De la poésie, de l’émerveillement, de la curiosité, de la surprise !


Quelle est la chose la plus étonnante ou la plus étrange que vous ayez apprise sur vous-même grâce à la photographie ?

Comme à l’image de Peter pan, je suis resté un enfant… Je pars à la conquête du monde à la recherche de belles histoires. Pour rêver, contempler, imaginer, découvrir, rencontrer… J’ai choisi un métier rempli d’incertitudes qui oblige à de l’audace, voire à une certaine forme d’insouciance parfois. Mon âme d’enfant me donne ce courage et cette force qui m’empêchent d’abandonner quand les obstacles semblent insurmontables. Envers et contre-tout, je poursuis mon rêve !


Qu’est-ce qui vous attire spécifiquement dans la photographie de voitures anciennes ?

Chaque voiture ancienne est un voyage dans le temps, un retour en arrière qui évoque une période spécifique et fait écho à un design et une technique propre à son époque. Les voitures anciennes ont également ceci de particulier qu’elles font référence à ces grands ‘couturiers de l’automobile’ (Pinin farina et bien d’autres) qui habillaient les chassis des constructeurs. C’était l’expression ultime de l’élégance et du raffinement, celle d’une mode ‘haute couture’.


Comment décririez-vous votre style photographique lorsqu’il s’agit de capturer des voitures anciennes ?

C’est une mise en scène cinématographique qui tente de capturer la ligne originelle, celle que les dessinateurs ont posé sur le papier bien avant que la voiture ne devienne réalité.


Quels sont les défis uniques auxquels vous êtes confronté en photographiant des voitures anciennes par rapport à d’autres sujets ?

Suggérer le mouvement et la vitesse alors que je photographie ces voitures anciennes à l’arrêt.


Y a-t-il des voitures anciennes qui vous ont particulièrement marqué ou que vous avez aimé photographier ? Pourquoi ?

Les voitures des années 30 à 50 ont un charme fou. Elégance et simplicité… Less is more ! Qu’est-ce qui, selon vous, rend une voiture ancienne photogénique ? La manière dont on la regarde …


Quels sont vos conseils pour capturer l’essence et le caractère d’une voiture ancienne à travers la photographie ?

Prendre le temps de la contempler, de l’observer dans ses moindres détails et de l’écouter. Apprendre à la connaître en se documentant sur son histoire et l’héritage qu’elle représente aujourd’hui.


Avez-vous des préférences quant à l’emplacement ou au cadre idéal pour photographier des voitures anciennes ?

Je choisis toujours un espace assez grand afin qu’il me permette d’évoluer avec aisance autour de la voiture avec mes flashs. Ensuite, j’aime travaille dans le noir ou la pénombre afin de pouvoir contrôler, presque de manière chirurgicale, mes ‘Pochoirs de Lumière’.


Quel est l’équipement essentiel que vous utilisez pour photographier des voitures anciennes ?

Outre mes flashs de studio, un trépied car je suis extrêmement rigoureux dans la composition de mes images.


Y a-t-il des conseils ou des astuces spécifiques que vous pourriez partager avec les photographes qui souhaitent se spécialiser dans la photographie de voitures anciennes ?

S’armer de patience et de persévérance. Le chemin est parfois semé d’embûches pour dénicher ces belles mécaniques. La photographie de voiture est pratiquée par un nombre incalculable de photographes amateurs et de professionnels de talent à travers le monde ! Pour ces raisons, il est dès lors indispensable de trouver sa ‘signature lumière’ et de créer sa propre identité.


Comment choisissez-vous les voitures anciennes que vous photographiez ? Est-ce basé sur leur esthétique, leur histoire ou d’autres critères ?

Un peu tout ça mon Capitaine ! A cela s’ajoutent les coups de coeur qui sont très souvent liés aux voitures rares et difficiles à trouver et pour lesquelles les autorisations sont souvent longues à obtenir. Si c’est trop facile, ce n’est pas marrant 🙂


Existe-t-il des techniques de post-traitement que vous utilisez pour améliorer ou mettre en valeur les caractéristiques des voitures anciennes ?

L’essentiel du travail est réalisé à la prise de vues et celle-ci qui peut nécessiter plusieurs heures. Ensuite, je m’attache simplement à corriger la chrome (les couleurs) et à peaufiner le contraste des images en post-production.


Quelle est la chose la plus gratifiante pour vous en tant que photographe de voitures anciennes ?

Surprendre un amateur éclairé ou un expert, qu’il s’agisse d’une directrice de musée, d’un collectionneur ou d’un passionné et qu’ils me disent ‘Je connais cette voiture sur le bout des doigts et sous toutes ses coutures mais je ne l’avais jamais vue comme ça’ 🥰

Axel Ruhomaully, artiste belgo-mauricien, a commencé sa carrière en tant que membre d’équipage de compagnie aérienne en 1996. Après avoir obtenu son diplôme d’une école de photographie à Paris en 2000, il a troqué son uniforme contre un appareil photo pour satisfaire sa soif de découverte. Ses photographies d’art, prises dans des musées renommés à travers le monde, nous transportent dans des moments historiques grâce à des clichés uniques. En 2021, il a dirigé l’exposition “Bijoux de Mécanique” au musée de l’Air et de l’Espace, utilisant sa technique de “pochoirs de lumière” pour révéler les histoires derrière les pièces exceptionnelles. Axel a également collaboré avec des entreprises aéronautiques telles que Dassault Aviation, Airbus Heritage et Airbus Helicopters. Ses photos, mêlant peinture et photographie, sont à la fois troublantes et magiques, donnant une seconde vie aux objets imprégnés d’histoire industrielle. Sa passion pour les voyages et la découverte l’emmène à partager un monde imaginaire intemporel avec le public, apportant l’art contemporain là où on ne l’attendait pas. Il met en lumière le savoir-faire humain derrière des objets rares et des lieux iconiques à travers le monde, inspirant ainsi la jeune génération.

Les photos d’Axel Ruhomaully révèlent un fascinant jeu de clair-obscur, une dualité captivante. Dans chaque cliché, la lumière et l’ombre se côtoient en harmonie, créant une tension émotionnelle palpable. Ce contraste dramatique évoque une profondeur insondable, où les mystères semblent prêts à se dévoiler. Les images de Ruhomaully dévoilent des récits cachés dans l’obscurité, des émotions dissimulées dans la lumière. Ce jeu subtil de contraste nous incite à explorer l’ambiguïté et la complexité des objets dissimulés et hors portée. Ses photos sont une invitation à plonger dans les recoins les plus sombres, tout en laissant filtrer la lumière de la révélation.

 

 

François Vanaret, Greta L'artiste associe la Mercedes-Benz à l'actrice Greta Lovisa Gustafson, dit Greta Garbo, Garbo voulant dire en espagnol "la classe, l'élégance", nom de scène donné par Mauritz Stiller. Greta, né en 1905 à Stockholm en Suède tourna dans de nombreux films notables dont La Chair et le Diable, La Reine Christine, etc. La grâce et l'élégance de cette actrice répondent à celles de la Mercedes.

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