Christophe Bernard Président SALMSON

Oct 26, 2022 | À la rencontre de..., Actualités, BANQUETTE ARRIÈRE

 AUTOUR DES JEP

Depuis quelle année SALMSON participe aux JEP?

C’est la troisième année. Tout a démarré en 2018. Il y a eu beaucoup de répercussions sur la manifestation de l’an dernier car un reportage est passé au journal télévisé de TF1 de 20h le soir même, cela a contribué à un certain succès. C’est aussi pour cela que la mairie de Boulogne-Billancourt nous a de nouveau sollicité. Nouveauté cette année, il ne s’agit pas seulement d’une exposition statique mais aussi d’un circuit en ville avec des admirateurs, notamment des enfants, qui peuvent ainsi réaliser une balade en voiture ancienne…

Cette participation est très importante pour nous, et notamment parce que la marque SALMSON a été quelque peu oubliée, même si elle était fort célèbre à l’époque de sa production. Bien souvent, on pense à une voiture anglaise à cause de son nom. Mais il s’agit bien d’une belle marque française. Émile Salmson, français d’origine suédoise a créé la Société des Moteurs Salmson, et s’est installé à Billancourt en 1913. Il est donc primordial de rappeler que SALMSON est une marque française, dont la production de voitures est une pure merveille technologique. L’usine est complètement démolie en 1958 et se trouvait sur l’emplacement même de la résidence du Point-du-jour. Cette résidence conçue par Fernand Pouillon, est généralement connue des Boulonnais par le nom de cet architecte, mais ils ignorent complètement que sur ce site, SALMSON a fabriqué un bon nombre de moteurs d’avions, d’avions et de voitures ! Grâce à l’Amicale SALMSON, les gens savent désormais qu’il y a tout un historique derrière cette résidence. Indiscutablement, SALMSON à Billancourt, fait partie de notre patrimoine français!

Choisissez-vous les modèles spécifiquement pour tel et tel événement ?

On essaie en général de choisir un modèle spécifique lorsqu’il y a une date anniversaire mais une des difficultés consiste à avoir des voitures qui puissent être sur place, parce que les Amicalistes disponibles ne sont pas forcément très nombreux et surtout en Île-de-France. C’est toujours un challenge que de participer à tous ces évènements pour lesquels nous sommes sollicités. Pour celui d’aujourd’hui par exemple, nous avons : une petite centenaire, la SALMSON AL 22 de…1922, des modèles plus récents, des années 30, et de la série des modèles “S4” : un rarissime roadster S4 de 1931; un faux-cabriolet S4 D et un cabriolet S4 D de 1935; un autre cabriolet S4 D, mais de 1936 avec quelques évolutions de carrosserie, et enfin un modèle d’après-guerre, un cabriolet S4 E de 1949.

Les journées européennes du patrimoine inaugurent la saison culturelle cette année c’est sous le thème du patrimoine durable qu’est-ce que cela signifie pour vous?

Cela signifie de faire durer nos automobiles car cela fait partie d’un des objectifs de notre association l’Amicale SALMSON. Cette association a été créée en 1965 et déjà à cette époque une des missions était clairement de conserver, de restaurer et de faire rouler les automobiles SALMSON et au-delà, toutes les productions de la Société des Moteurs Salmson, y compris des moteurs d’avion. 2

AUTOUR DE L’AMICALE

Pourquoi l’Amicale s’engage-t-elle dans un tel événement?

Nous voulons être présents le plus possible afin de montrer nos voitures, de les faire vivre et aussi de donner envie aux plus jeunes générations. Nous avons la notion de transmission du patrimoine et je pense qu’il est temps plus que jamais de faire découvrir ces automobiles, cyclecars et voitures SALMSON aux futures générations.

Le Patrimoine: quelle en est votre définition, est-ce aussi synonyme de transmission, d’élégance, d’Histoire?

Ma notion du patrimoine est toute une alliance de belles choses: elle associe un excellent travail dans toutes les dimensions : conception ambitieuse et à la pointe, puis réalisation de grande qualité pour finalement obtenir fiabilité et esthétique, et c’est bien le cas de cette production SALMSON, de ce patrimoine industriel.

Dans un monde de plus en plus virtuel et digital, comment expliquez-vous que l’on soit toujours attaché à ses événements sont-ils vitaux afin de garder justement le contact humain?

Ah oui, très certainement ! Je pense que c’est incontournable d’y participer, il faut montrer et partager notre patrimoine français dans toute sa splendeur. Ces événements sont l’occasion de faire de superbes rencontres. Justement, pour la première fois je viens de rencontrer une personne qui a travaillé en tant qu’employé chez Salmson en 1954… c’est incroyable !!! Ce Monsieur m’a montré sa “carte professionnelle Salmson”, nous avons alors échangé nos coordonnées. N’est-ce pas magique? Et, vous avez à l’opposé, les plus jeunes, les enfants qui remarquent parfaitement la différence entre ces voitures anciennes et les voitures modernes. Ça leur tape dans l’œil. Donc oui, le contact humain est à privilégier.

Connaissez-vous l’historique de chaque voiture ?

Sans prétention je dirais oui ! Il y a eu près de 30.000 Salmson qui ont été produites dans cette usine de Billancourt et nous avons au sein du Club, les registres de sortie d’usine, et donc nous connaissons absolument toutes les voitures produites. En revanche, connaître leur histoire en détail peut-être pas, mais nous avons au moins l’identification de toutes les autos et des membres possédant ces voitures, donc nous essayons de retrouver progressivement les différents historiques précis.

Quelles sont les ambitions de l’Amicale?

C’est de faire connaître la marque française SALMSON. D’entretenir et de restaurer ces superbes voitures et pourquoi pas de voir davantage de SALMSON chaque année sur les routes en soutenant les collectionneurs et les restaurateurs via nos conseils, stocks et refabrication de pièces mécaniques.

Sont-elles aussi connues à l’international ?

Elles sont connues à l’international pour la raison suivante: SALMSON était réputé mondialement pour ses moteurs d’avions depuis 1914 : Europe, Amérique du nord, Russie, Japon…. Ensuite, les automobiles SALMSON ont été commercialisées sur les 5 continents y compris en Australie et en Nouvelle-Zélande. De plus, la filiale Britannique, SALMSON est devenue autonome dans les années 30 et a produit des British SALMSON jusqu’à la seconde guerre mondiale… Et les membres de l’Amicale SALMSON représentent une quinzaine de nationalités.

Des projets en préparation ? Un petit scoop à nous dévoiler?

Oui, absolument. Cela sera surtout la reprise de nos manifestations après 2 ans de pandémie. Les grands Salons spécialisés, et nos rallyes annuels : le rallye Cyclecar; le rallye national SALMSON et le Rallye de l’Association des Clubs de Marque (ACM) dont je souligne que SALMSON est un des Clubs fondateurs avec BUGATTI, DELAGE et HIPANO-SUIZA. Cette année, il y aura trois grands plateaux à Epoqu’Auto à Lyon et l’ACM qui représente 10 grandes marques françaises, exposera une vingtaine de voitures en présentant deux voitures de chaque marque, donc deux SALMSON. Enfin un projet, qui me tient à cœur, est celui de la plaque Lieu de l’Histoire Automobile de la FFVE…relative à notre marque, sur le site des anciennes usines de la Société des Moteurs SALMSON.

AUTOUR DE CHRISTOPHE BERNARD

Comment êtes-vous arrivé dans cet univers, une passion? un rêve?

Par passion et d’un rêve d’enfance… Je me revois encore à l’âge de cinq ans avec mon arrière-grand-père dans sa traction, il avait lui-même plus de 80 ans à l’époque, et je lui intimait d’aller plus vite et de passer la troisième vitesse !! Par la suite à l’occasion du mariage mon fils, j’ai vu cette voiture en vente et je suis tombé en admiration devant sa ligne typique des années 30. Et j’ai cassé ma tirelire pour m’offrir ma première voiture ancienne ! Il a bien fallu attendre mes 50 ans …mais le principal c’est de vivre son rêve !

Donc votre coup de cœur est quel modèle ?

J’ai eu un coup de foudre pour ce modèle SALMSON “S4 D, carrosserie M65”. C’est un modèle cabriolet qui se distingue par son esthétisme.

Son arrière, très profilé avec une roue de secours sur le sur coffre, est d’une extrême élégance. Cette ligne est remarquable, d’ailleurs, SALMSON était l’un des grand carrossier automobile dans les années 20 pour d’autres constructeurs automobiles. Et sachant que SALMSON est notamment réputé pour ses excellents moteurs à double arbre à came en tête, vous avez donc une voiture avec un très bon moteur et une très jolie ligne pour peu qu’on apprécie les années 30, dites “art déco”. L’élégance était incontournable même jusqu’aux voitures. Celle-ci est un véritable coup de cœur.

Une anecdote rigolote à partager avec nos lecteurs ?

Oui ! La plus récente date de 15 jours : pendant le rallye national Salmson. J’aime conduire sur les routes avec cette voiture, mais cette fois-ci je décide de faire la route avec un ami du Club. Nous allons donc depuis la région parisienne jusqu’à Arras faire un long périple pendant trois jours, et au total c’est 750 km de parcours. Les voitures anciennes peuvent tomber en panne certes, et il se trouve que la mienne est tombée en panne et…. celle de mon ami aussi. Mais ce qui est vraiment improbable, c’est que nos pannes respectives, crevaison pour l’un, et perte du pot d’échappement pour l’autre se sont produites… à l’entrée du même village, …à 200 m d’intervalle seulement !!! Nous avons alors réparé ensemble et sommes finalement rentrés à la tombée de la nuit, exténués mais ravis.

Un conseil à donner à un nouveau collectionneur (j’allais dire un jeune collectionneur! mais non… un nouveau collectionneur est le terme qui correspond parce qu’il n’y a pas d’âge pour l’être)

Absolument, il n’y a pas de tranche d’âge pour être collectionneur ! Comme conseil, idéalement, je recommande l’adhésion à un club. C’est le meilleur moyen de rencontrer des passionnés de toutes origines et de tout âge, de pouvoir prendre conseil auprès d’eux, d’apprendre et de se faire épauler parce leur connaissance est illimitée. L’échange avec des connaisseurs, voilà ce que je recommanderais à un nouveau collectionneur.

Ce fut un plaisir de vous recevoir Christophe Bernard, je vous remercie pour cette interview.

Plaisir partagé, je vous remercie.

Laurence David-Valadier

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