
Pour parler du panier à salade, on met la sauce ! Et pour éviter de faire des erreurs, on a trouvé les meilleures sources :
Les amis du type H, un rĂ©gal de trouvailles, et toute l’histoire sur ce vĂ©hicule lĂ©gendaire…đ
Chez CitroĂ«n on parlait dĂ©jĂ avant la guerre d’un nouveau vĂ©hicule utilitaire qui remplacerait son prĂ©dĂ©cesseur. On voulait gagner du poids et de la place et puis le TUB avait un dĂ©faut, s’il n’Ă©tait pas chargĂ© Ă l’arriĂšre il relevait du cul.
Il avait vieilli et il était plus facile de créer un tout nouveau modÚle, plus moderne.
Le cahier des charges voulu par Boulanger :Â
un véhicule monocoque à traction avant et qui reprend les éléments de la Traction 4 cylindres avec une bonne suspension arriÚre et surtout tout en conservant le maximum de piÚces existantes déjà sur les autres modÚles.
C’est Pierre Franchiset, le pĂšre du Type H, travaillant chez CitroĂ«n Ă la conception et Ă la mise au point des carrosseries, qui a pensĂ© le H, suivi sa conception jusqu’Ă la commercialisation. Il a reçu le projet qui a dĂ©terminĂ© l’ensemble du vĂ©hicule et rĂ©alisĂ© le premier prototype.Â
Pendant la grande guerre les Ă©tudes du H ont Ă©tĂ© lancĂ©es en cachette des occupants qui avaient interdit d’Ă©tudier de nouveaux modĂšles. Les conditions de travail Ă©tant rudes, il n’y avait pas d’essence ni de matiĂšres premiĂšres. Une fois la guerre finie le H fut terminĂ© trĂšs rapidement.Â
Il Ă©tait entiĂšrement rĂ©alisĂ© en tĂŽle ondulĂ©e. Franchiset avait pris de la tĂŽle de 5/10e et pour la rigidifier, l’avait emboutie nervurĂ©e, un principe utilisĂ© dans l’aviation bien avant le H. Au point de vue soliditĂ© il Ă©tait exceptionnel !
Il y avait des charniĂšres  » Yoder  » partout, volets de cotĂ©, volets de roue de secours, rĂ©servoir, portes, capot moteur intĂ©rieur, capot avant, etc. Il s’agit de charniĂšres rĂ©alisĂ©es par pliage des tĂŽles, on le trouve aussi sur la Traction et plus tard sur la 2CV.
Il n’y a pas eu beaucoup de prototypes comme pour la Deux Chevaux, seulement deux. Il n’y a pas eu de maquettes rĂ©duites non plus, on est parti directement sur le premier prototype.

Ce premier prototype avait Ă l’origine une porte latĂ©rale pivotante, porte qui encombrait le trottoir Ă l’ouverture et n’Ă©tait pas pratique quand on voulait descendre. Â
Le second prototype avait une porte coulissante, ce n’Ă©tait pas difficile de modifier le vĂ©hicule car il n’avait que des lignes droites….Â
Sur les prototypes on avait mis une couche de peinture pour qu’ils ne rouillent pas, c’Ă©tait du gris mĂ©tal. Il y avait certainement des stocks de cette peinture car en ce temps-lĂ on sortait des Tractions gris mĂ©tal ;
le Type H est donc nĂ© comme ça, gris. Â
Il est nĂ© gris et il est mort gris. đą
Pour le concevoir Ă une telle vitesse il Ă©tait Ă©vident que plusieurs ensembles (mĂ©canique, essieu de la Traction 15 Ă©largi, tableau de bord, poignĂ©es de portes, etc.) soient empruntĂ©s Ă la Traction Avant. MĂȘme la petite 2CV, elle aussi gris mĂ©tal, prĂȘta quelque chose (siĂšges, phares, etc.). Ils ont en commun la mĂȘme soliditĂ©, la simplicitĂ©, la gĂ©nialitĂ©.Â
Le Type H, au contraire de son prĂ©dĂ©cesseur TUB qui avait un chĂąssis et une coque, est monocoque et, bien Ă©videmment, traction avant.Â
Toute piĂšce est Ă©tudiĂ©e afin d’obtenir le maximum au moindre coĂ»t : le pare-brise Ă©tait en deux moitiĂ©s (si une partie Ă©tait abĂźmĂ©e, on ne devait pas remplacer la totalitĂ©), de la toile remplaçait les panneaux de porte, la lunette arriĂšre Ă©tait de dimension trĂšs rĂ©duite… mĂȘme sur le nom CitroĂ«n ils avaient fait des Ă©conomies.
Il arrivait huitiĂšme d’une sĂ©rie d’Ă©tudes et c’est pourquoi on l’appela « H », la huitiĂšme lettre de l’alphabĂšte, sans chercher plus loin.Â
On dit que le H Ă©tait prĂȘt pour le Salon de 1946 mais Pierre Boulanger (Ă l’Ă©poque directeur de CitroĂ«n) refusait de l’exposer car il ne voulait pas faire comme certains et sĂ©duire la clientĂšle avec un modĂšle qu’il ne pouvait pas encore fabriquer.Â
En 1947 CitroĂ«n prĂ©senta le Type H, 11CV, 1200 Kg de charge utile.Â
La bombe  » H  » du  » Quai de Javel  » explosa au Salon de l’Automobile de Paris en octobre 1947, dans un climat de pauvretĂ© et d’ingĂ©niositĂ©. Tout est recyclĂ©, les voitures d’occasion (vĂ©hicules militaires amĂ©ricaines et quelques berlines) sont rares et coĂ»teuses, exploitĂ©es jusqu’Ă la derniĂšre tĂŽle restante, et ensuite retapĂ©es. Les utilitaires sont rares et souvent les voitures sont transformĂ©es en camionnette. MĂȘme si certains artisans rĂ©alisent de petites merveilles, la plupart de ces vĂ©hicules sont bricolĂ©s.Â
Le Type H entre en commercialisation le 1er juin 1948.Â
La presse l’ignore et annonce seulement sa comparse, le 34Ăšme Tour de France, premier de l’aprĂšs-guerre passionne bien plus les foules. Â
Mais le bon gros « Tube », comme on le surnomme Ă cause de son prĂ©dĂ©cesseur, n’a pas de rivaux et il a mĂȘme les rĂ©troviseurs de sĂ©rie ! Â
Il dĂ©marre dans la vie sans rien demander Ă personne, sans publicitĂ© autre que le bouche Ă oreille.Â
Les annĂ©es dĂ©filent et le Type H est toujours lĂ , qui le possĂšde dĂ©jĂ en fait de la publicitĂ© aux potentiels clients et qui ne le possĂšde plus en achĂšte un neuf !Â
CitroĂ«n ne s’en occupe pas beaucoup, un minimum de publicitĂ©, quelques mises Ă jour par-ci et par-lĂ et le client est rapidement convaincu.Â
Chez CitroĂ«n on dit :  » Ă chacun son H « , toujours le mĂȘme et toujours si diffĂ©rent.Â
Paysans, Ă©leveurs, corbillards, marchands, boulangers, jardiniers, menuisiers, brocanteurs, fleuristes, bouchers, tout le monde en a eu au moins un dans la vie, il a travaillĂ© pour La Poste, pour la Gendarmerie, pour les hĂŽpitaux, les administrations, il a servi les acteurs, les vacanciers, les voleurs..đ.
Il y a eu deux motorisations essence (1600cm3 9CV et 1900cm3 11CV) et trois Diesel (Perkins 1621cm3 7CV, Indenor 1816cm3 7CV et Indenor 1946cm3 8CV). Â
Des versions plateau nu Ă©taient aussi disponibles pour les carrossiers (il est impossible de recenser les carrossiers qui pendant toute la longue vie du H l’ont offert au public Ă toutes les sauces).Â
En fonction de la charge et de sa carrosserie l’appellation commerciale changeait, H, HY, HZ, HX, HW. Il y a eu aussi des Ă©quipements spĂ©cifiques pour vĂ©hicules de secours urgent et pour vĂ©hicules de rĂ©animation et de chirurgie avec suspension arriĂšre hydropneumatique.Â
14 Ă©tait le nombre de coloris offerts par CitroĂ«n dont une partie rĂ©servĂ©e aux administrations.Â
Le gris reste la couleur la plus frĂ©quente mais on pouvait le choisir blanc, rouge ou bleu.Â
300 Ă©tait le nombre d’ouvriers nĂ©cessaires pour produire un exemplaire complet, que ce soit en France, en Hollande, en Belgique ou au Portugal.Â
Une trentaine d’annĂ©es plus tard un jeune Ă la peau lisse (le C25) lui Ă piquĂ© la place mais pas sa cĂ©lĂ©britĂ© lĂ©gendaire, sa personnalitĂ©, son caractĂšre.Â
L’histoire finit le 14 dĂ©cembre 1981, Ă Aulnay. Le dernier porte le numĂ©ro de sĂ©rie 473289 et il est gris. PrĂšs d’un demi-million de H ont Ă©tĂ© construit en 34 ans, un record ! Â
Mais Ă dire vrai, l’histoire n’est pas terminĂ©e le 14 dĂ©cembre 1981, le Type H est dur Ă mourir, physiquement et aussi dans les souvenirs de ceux qui l’ont eu et apprĂ©ciĂ©.Â
Il roule toujours peinard avec ses publicitĂ©s sur les cĂŽtĂ©s, avec son vĂȘtement de travail gris ou les plus chanceux sont devenus des camping-cars.
Source :
http://deuch.perso.libertysurf.fr/typeh.html
