Nos héros modernes en anciennes
À l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine (JEP), la Fédération Française des Véhicules d’Epoque a souhaité s’engager auprès d’une association caritative œuvrant dans le milieu automobile. Handi Rallye Passion c’est distingué par son action auprès des jeunes en situation de handicap.
Les bénéfices de la vente des plaques rallye patrimoine des JEP, proposées cette année par la FFVE, sera en partie reversée à l’association Handi rallye passion, fondée par Benoît Cousin. Cette association œuvre avec dévouement pour favoriser l’accès des personnes en situation de handicap aux rallyes automobiles, promouvant ainsi l’inclusion et la passion du sport automobile pour tous.
Cette initiative symbolise une belle union entre patrimoine et solidarité, mettant en lumière l’importance de rendre les événements automobiles accessibles à un plus large public.
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Il était une fois un père, son fils, et une passion qui allait tout changer
Chaque année, Benoît Cousin consacrait quelques week-ends à participer à des rallyes automobiles historiques, se laissant emporter par la vitesse, la précision et l’adrénaline de la course. Pour lui, c’était une échappée, un moment de pure intensité. Mais un jour, l’aventure a pris un tout autre tournant.
Son fils, Matthieu, âgé de 12 ans, lui posa une question qui allait tout changer : « Papa, et si on le faisait ensemble ? » Matthieu, atteint d’une infirmité motrice cérébrale (IMC), équipé d’un fauteuil roulant et dialoguant en langue des signes, était un adolescent déterminé. Pourtant, son handicap physique n’entachait en rien sa curiosité et son envie de vivre des expériences fortes, à commencer par celle de découvrir un rallye de l’intérieur.
Le père, un peu hésitant au début, se posait des questions. Comment garder un œil sur la route tout en surveillant les signes de son fils ? Comment partager cette passion, si exigeante en concentration et en rapidité, avec Matthieu ? Mais le défi était de taille, et la complicité qui les unissait était plus forte que les obstacles apparents. Comment dire non à ce moment unique qu’ils pourraient partager ensemble ?
Ce qui semblait être une simple aventure d’un week-end s’est rapidement transformée en bien plus. Matthieu, loin de n’être qu’un spectateur, s’est pris au jeu du rôle de copilote. Il a appris, vite, avec une passion dévorante. En quelques rallyes, il maîtrisait les subtilités des road books (en braille), la lecture des cartes, et même les prises de notes et les chronos. Chaque course était une nouvelle occasion pour lui de progresser, de s’épanouir, et surtout, de renforcer ce lien unique avec son père. ❤️❤️❤️
Au-delà du plaisir de conduire de belles voitures et de partager des moments intenses ensemble, les rallyes sont devenus pour Matthieu une école de la vie. Ils lui ont permis de développer son mode de communication, de gagner en confiance, et de s’ouvrir à un monde qui, au départ, semblait lui être inaccessible. Chaque virage, chaque chrono était une victoire personnelle, et chaque rallye une nouvelle page de leur histoire commune.
Aujourd’hui, cette passion père-fils n’est plus seulement une aventure familiale. C’est une leçon de vie, de détermination, et de dépassement de soi. Ce que ce père croyait n’être un simple défi pour faire plaisir à son fils s’est révélé être un cadeau pour eux deux, une expérience qui a transformé leurs vies. Parce que parfois, il suffit d’une simple question, d’un simple “et si”, pour ouvrir la porte à des moments extraordinaires.
Matthieu et son père nous rappellent que les plus grandes aventures commencent souvent là où on ne les attend pas. “En route tous ensemble”, comme dirait Matthieu, pour continuer à écrire l’histoire.
Benoît Cousin : “En route tous ensemble !”
Il est des aventures humaines qui laissent une empreinte profonde, des histoires où la passion se mêle à la solidarité pour créer des moments inoubliables. Benoît Cousin en est un merveilleux exemple. Avec son projet Handi Rally Passion, il a su réunir une communauté diverse mais soudée autour d’un même rêve : faire de l’automobile un vecteur d’inclusion et d’espoir.
Il restait à “mettre tout cela en musique”, comme il aime le dire. Et c’est ainsi que famille, amis, pilotes, copilotes, éducateurs spécialisés, organisateurs de rallyes, établissements d’accueil, hôpitaux, centres de rééducation, et même la presse spécialisée ont tous répondu à l’appel. Autour de ce concept unique, chacun a apporté sa pierre à l’édifice, transformant une simple idée en un projet vibrant et porteur d’espoir.
Mais plus que tout, c’est le message des jeunes, ces aventuriers au courage extraordinaire, qui a résonné : « Allez en route, on y va tous ensemble ! ».
Une phrase simple mais puissante, qui a rassemblé une communauté entière autour de la même volonté d’agir, de dépasser les obstacles, de tracer la route vers l’inclusion et l’égalité.
Comment est née l’idée de Handi rallye passion et qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ?
À 10 ans, mon fils Mathieu, atteint d’infirmité motrice cérébrale, m’a demandé de participer à un rallye avec moi. D’abord hésitant à cause de son handicap, j’ai repoussé l’idée. Deux ans plus tard, il revient avec le calendrier des rallyes, me rappelant ma promesse.
Nous avons finalement participé ensemble. Mathieu a prouvé qu’il comprenait parfaitement les règles et s’est investi à fond, ce qui l’a transformé : il est devenu plus ouvert et communicatif. Cette expérience a inspiré la création d’une association pour permettre à d’autres enfants handicapés de vivre la même aventure.
Aujourd’hui, nous organisons des mini-rallies où enfants, familles et amis partagent des moments uniques et inclusifs. C’est grâce à Mathieu que tout cela est possible.
Il faut qu’on arrête de dire qu’il y a des différences. Il faut s’inspirer de nos différences.
Vos enfants doivent s’enrichir à votre contact et vous devez valoriser leur handicap.
Quel rôle joue la passion des voitures anciennes dans l’inclusion des personnes en situation de handicap à travers vos rallyes ?
Une voiture ancienne, c’est un véritable théâtre où chacun devient acteur. Elle raconte une histoire à travers ses caractéristiques, son odeur d’essence, de cuir, et son vécu. Dans chaque rallye, les participants jouent une pièce, découvrent les règles et écrivent ensemble une nouvelle aventure.
C’est un espace d’apprentissage, où les erreurs sont acceptées et partagées. La compétition devient secondaire face à l’expérience humaine et sociale. Ces voitures sont un médium unique, elles permettent de voyager dans le temps, de connecter les gens et de créer des souvenirs durables.
Les voitures anciennes ont cette magie unique qui réveille la mémoire. Elles traversent les époques et touchent l’âme de ceux qui les croisent. Que l’on parle de voitures ou d’histoires, elles ravivent des souvenirs d’enfance, des moments intimes où l’on se rappelle un père au volant d’un modèle identique. Ces voitures, sont un héritage vivant, bien plus qu’un simple objet.
Quels sont les défis les plus importants auxquels vous êtes confronté dans l’organisation d’événements adaptés aux personnes en situation de handicap ?
Le terme « handicap » effraie souvent, alors que les Canadiens parlent de personnes « extraordinaires », un mot bien plus valorisant. Nous devons changer notre regard sur le handicap et mettre en lumière ces véritables héros qui, avec leur force et leur résilience, apportent une lumière unique. Leur perception du monde est différente, mais parfois beaucoup plus riche. L’essentiel est de les accompagner dans leur univers, d’adapter notre approche, comme avec les roadbooks en braille, pour mieux comprendre et partager leurs expériences. Un jour, lors d’un rallye avec des enfants non-voyants, un jeune garçon m’a surpris par son incroyable capacité à lire un roadbook en braille tout en anticipant les informations et en les confirmant simultanément. Il mémorisait et analysait les éléments avec une précision hallucinante, et son pilote Philippe était tout aussi impressionné. Ensemble, ils ont terminé le rallye sans une seule erreur. Ce garçon m’a ensuite aidé à réécrire le roadbook, en adaptant les descriptions à ce qu’il pouvait ressentir : les plaques d’égout, l’humidité de la forêt… Un véritable génie aux sens affinés.
Comment la collaboration avec la FFVE s’est-elle créée ?
La FFVE, je l’ai connue par Michel Clin (ndlr : ancien Vice-Président FFVE), ami et parrain de mon fils, et c’est naturellement que notre relation avec cette fédération s’est construite. Nous n’avons pas encore collaboré pleinement, mais tout est à venir, et je suis convaincue que cette future collaboration enrichira nos projets communs. Michel m’a toujours encouragé à voir plus grand, à organiser des rallyes qui ne soient pas seulement des courses, mais de véritables expériences humaines. Il m’a passé le flambeau avec des mots simples mais forts : “Fais des rallyes, mais fais-les pour eux, avec tout ton cœur.”
Michel a été le premier soutien de l’association, et son héritage continue de nous inspirer. Il a accepté mon fils Mathieu tel qu’il était, et ensemble, ils ont partagé de nombreuses aventures sur les routes.
Pour moi, l’avenir avec la FFVE sera l’occasion de perpétuer cet héritage, de célébrer l’histoire des véhicules anciens et les liens humains qu’ils tissent, tout en poursuivant la vision que Michel m’a laissée.
Quels sont les futurs projets que vous aimeriez développer avec la FFVE pour continuer à promouvoir l’accessibilité et la passion automobile auprès de tous ?
Le groupe de travail Handicap de la FFVE est essentiel pour rendre les véhicules anciens accessibles à tous, en intégrant les personnes en situation de handicap dans les rallies et événements. Il incarne une volonté d’inclusion et de partage, où chacun peut participer pleinement à la passion des voitures de collection. Mon souhait est de trouver un terme plus positif et fédérateur que “handicap”, qui reflète mieux la diversité des talents et l’enrichissement qu’apporte chaque personne à cette communauté.
Il existe plusieurs formes de handicap : celui de naissance, celui causé par un accident, mais aussi des situations comme la grossesse, qui peuvent également limiter l’accès à certains espaces ou activités. Il est essentiel que le groupe de travail de la FFVE aborde toutes ces réalités pour assurer une inclusion complète et adaptée à chacun.
« En route tous ensemble »
