Nos questions du + serieux au + fun 🤗😉 à
JEAN-LUC FOURNIER
Votre carrière de pilote a été marquée par des années de compétition sur Alpine. Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette marque en particulier et quels souvenirs vous ont le plus marqué ?
Le souvenir le plus personnel est sans doute ce jour de 1958 où ma grand-mère m’a offert une miniature d’Alpine A 106 produite par CIJ. J’avais 9 ans. Mon attachement à la marque vient de là. Évidemment, j’ai aussi été très marqué par mes années de courses et flatté d’avoir été choisi pour animer les meetings Alpine à Dieppe organisés par les Anciens d’Alpine.
En tant que collaborateur d’Alpine Magazine, comment percevez-vous l’évolution de la communauté des passionnés de la marque, et quels sont les défis pour la maintenir vivante aujourd’hui ?
Alpine est en mutation. Ses véhicules ont longtemps été réservés aux amateurs de compétitions qui « bricolaient » leurs berlinettes ou leur A 310 avec génie. Aujourd’hui, avec la renaissance de la marque dieppoise, elle s’est ouverte à d’autres clientèles, peut-être plus glamour. J’espère que ce n’est pas qu’un effet de mode, même si j’appréhende l’arrivée d’un SUV électrique frappé du « A » fléché.
Vous avez écrit de nombreux ouvrages sur l’automobile et les voitures miniatures. Qu’est-ce qui vous a motivé à explorer ce domaine de la collection miniature et comment voyez-vous l’avenir de ce secteur ?
Les miniatures permettent d’avoir chez soi le garage de rêve sans se ruiner ! Elles sont le témoin d’une époque. Hier, on collectionnait les soldats de plomb de l’époque napoléonienne. Aujourd’hui, on collectionne les voitures miniatures qui relatent les succès sportifs. Les seules limites sont la place sur les étagè
Comment votre expérience de pilote a-t-elle influencé votre manière d’écrire sur les voitures et sur l’histoire automobile en général ?
Au-delà des mécaniques, j’ai toujours été captivé par les hommes. Quels que soient leurs statuts, les pilotes sont étonnants, les mécaniciens se transforment en magiciens et les dirigeants sont de sensationnels animateurs. Les fréquenter est un bonheur. Ils m’aident à mieux comprendre ce que la passion peut générer.
Le livre Alpine (2017) est considéré comme une référence. Quelles sont les découvertes ou anecdotes les plus fascinantes que vous avez rencontrées lors de la préparation de cet ouvrage ?
J’ai beaucoup aimé ce livre qui allie l’esthétique et le savoir par sa mise en page et sa qualité de réalisation. J’ai aussi été fasciné par la vie de Jean Rédélé. Un homme hors du commun, quelqu’un d' »extra-ordinaire », capable de lever tous les paris. Il a su insuffler l’esprit Alpine dans ses usines. L’admiration, le respect et la reconnaissance qu’ont ses collaborateurs envers lui est sidérante même dix-sept ans après son décès.
Si vous deviez créer une Alpine totalement ancienne en intégrant des éléments de science-fiction, quelles caractéristiques technologiques et esthétiques lui donneriez-vous tout en conservant l’ADN de la marque ?
Je crois que la nouvelle A 110 propose beaucoup de ces caractéristiques. Elle respecte l’ADN de la marque.
Avez-vous déjà envisagé de combiner votre amour pour les voitures et une autre passion, comme l’art, la gastronomie, ou même la musique, pour créer une expérience immersive, par exemple un road-trip culinaire dans des Alpine historiques ?
J’ai organisé pendant vingt ans un rallye automobile dont le principe était de réunir des gens dont j’avais croisé la route dans une course mais qui ne se connaissaient pas, bien que partageant la même passion. Au volant d’une vieille Alpine, nous roulions beaucoup – et vite – pendant trois jours tout en n’omettant pas d’effectuer quelques haltes pour déguster un cru local. Ce rassemblement s’appelait « Rallye des Grands Gosiers » et sa devise était « Boire ou conduire, chai pas choisir »… Aujourd’hui, ce genre de sortie est totalement obsolète mais quels merveilleux souvenirs avons-nous de ces moments…
Y a-t-il un véhicule ou un modèle de voiture que vous considérez comme « injustement oublié » par l’histoire automobile et dont vous aimeriez voir un renouveau ? Si oui, lequel et pourquoi ?
La marque « Motobloc », qui est bordelaise, mérite d’être sortie de l’oubli. Elle est à l’origine du concept révolutionnaire du « bloc moteur » – d’où son nom – imaginé à la charnière des années 1900. Les « Motobloc » ont participé aux plus grandes courses de l’époque comme le Paris-Madrid, les Grands Prix de l’A.C.F à Dieppe et au Mans, la course folle New-York – Paris, etc… Pendant la première guerre, elle a permis l’émancipation des femmes en les embauchant à l’usine. Elle a, pendant cinquante ans, instauré le principe de centre d’apprentissage pour les jeunes avant de terminer son épopée en produisant des moteurs pour deux roues. Nous avons initié une « Association Motobloc » qui possède plusieurs modèles automobiles et des deux roues. Nous avons reçu la FFVE lors de la pose d’une plaque de mémoire sur les lieux de l’usine suivie de la commémoration des 120 ans de la marque. Nous avons écrit un livre sur cette fantastique histoire et organisons des conférences pour sortir la marque de l’oubli.
Si vous pouviez faire une course avec un personnage historique (fictif ou réel), qui choisiriez-vous comme copilote, et quelle serait la voiture et le circuit parfaits pour cette aventure ?
C’est un rêve, hélas, mais j’aurais aimé participer à une course avec Jim Clark et une autre avec Juan Manuel Fangio, deux pilotes que je vénère et qui ont toujours été élégants, dans la vie comme sur les circuits. Et si j’avais la possibilité d’un troisième vœu, ce serait d’être aux côtés de Jean Rédélé à bord de son coach A 106 Alpine lors des Mille Miles.