La Muse du Musée de Compiègne, La Jamais contente 😤

Jan 24, 2025 | Actualités, HISTOIRE, La Muse du Musée

 

Musée Nationale de la voiture ,

La Jamais Contente !

Par Thierry Le Gall

Musée National de la Voiture de Compiègne, la Jamais Contente 

Dans cette rubrique, il ne s’agit pas de présenter l’ensemble d’un musée, ni même une petite sélection, mais au contraire de se concentrer sur une seule voiture. Le choix est forcément subjectif, mais c’est une auto qui sort de l’ordinaire, elle peut être rare ou unique, et elle raconte une histoire. Le Musée National de la Voiture est installé dans le château de Compiègne. A ne pas confondre avec le Musée National de l’Automobile de Mulhouse, issu de la Collection Schlumpf, le Musée National de la Voiture couvre la mobilité du 18ème siècle au début du 20ème siècle au travers de ses différentes formes, véhicules hippomobiles et automobiles, cycles, motos… Comme Muse de Compiègne, j’ai choisi la Jamais Contente. 

Le Musée National de la Voiture de Compiègne 

Les collections du Musée National de la Voiture sont donc installées au Château de Compiègne, dans plusieurs salles du château et dans les écuries. Aux côtés de Versailles et de Fontainebleau, Compiègne est l’une des trois plus importantes résidences royales et impériales françaises et fut notamment une des résidences préférées de Napoléon III. On y visite le musée du Second Empire, les appartements impériaux et le musée de l’Impératrice, sans oublier un très grand parc. Découvrez les collections du Manoir de l’Automobile et retrouvez toutes les informations pour le visiter : https://automobile-museums.com/musee-national-de-la-voiture-compiegne/ 

Remerciements 

Maria-Anne PRIVAT, Conservateur général du Patrimoine Musée National de la Voiture 

Une partie des informations historiques proviennent d’un article de M. Rodolphe Rapetti, rédigé pour le catalogue de l’exposition Concept Car Beauté Pure 

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Pourquoi elle ?

D’abord parce que c’est un modèle unique construit essentiellement dans le but de battre un record de vitesse. Ensuite parce que c’est le premier véhicule automobile à dépasser la barre symbolique des 100 km/h. Enfin, parce qu’à une époque où les voitures ressemblent à des carrosses ou des calèches motorisées, la Jamais Contente amène une notion d’aérodynamique, même très primitive. Par cette performance, son style unique et avant-gardiste, sa propulsion électrique, la Jamais Contente est l’une des premières icones de l’histoire de l’automobile. En principe, tout amateur d’automobile et d’histoire connait la Jamais Contente et son pilote concepteur Camille Jenatzy. L’origine du nom de l’auto est controversée, et je ne prendrai pas position sur le sujet. 😎

La Jamais Contente 😠😠😠

A la fin des années 1890, l’automobile en est encore à ses balbutiements, et nul ne peut prédire avec certitude quel sera le futur de ce moyen de transport. D’autant que 3 solutions de propulsion sont en concurrence, la vapeur, l’électricité et le moteur à essence, ce dernier n’étant pas alors le plus avancé, sans oublier la propulsion humaine avec le développement des bicyclettes. En 1897, le record absolu de vitesse sur terre est détenu par le cycliste Albert Champion avec 64,2 km/h, et Paul Meyan, fondateur de la revue « La France Automobile » lance un concours pour déterminer si la propulsion mécanique peut battre la propulsion humaine. 

Qui dit concours dit stimulation, compétition et publicité, et Camille Jenatzy, brillant ingénieur belge se lance dans l’aventure, y voyant aussi un bon moyen de promouvoir la compagnie de taxis électriques qu’il vient de fonder à Paris. Il choisit évidemment l’électricité pour mouvoir son engin, et se trouve rapidement en seule concurrence avec un autre ingénieur adepte de l’électricité, le français Charles Jeantaud. Il a fallu aussi trouver une route droite suffisamment longue et assez bien damée pour supporter ces essais, et c’est dans la zone maraichère d’Achères en région parisienne que les concurrents vont s’affronter. 

Camille Jenatzy, qui est aussi pilote et participe déjà à des courses automobiles, comprend que pour gagner, il lui faut concevoir un engin dédié à un record de vitesse en ligne droite. Il simplifie l’auto, et surtout lui construit une carrosserie en partinium (alliage d’aluminium) riveté en forme de torpille pour réduire la résistance à l’air. Bon, le pilote n’est pas pris en compte dans cette étude, et installé dans la Jamais Contente, Jenatzy dépasse largement de la carrosserie. Le 29 avril 1899, Jenatzy atteint 105,882 km/h avec sa Jamais Contente.  

Le record avec cette barre symbolique des 100 km/h, extraordinaire pour l’époque, connait un grand retentissement. S’il assure une bonne publicité à Jenatzy et sa compagnie de taxis, c’est aussi une publicité remarquable pour les pneus Michelin. Charles Janteaud jette l’éponge, et malheur au battu, son nom sera vite oublié alors que Camille Jenatzy figure au panthéon de l’histoire automobile. 

Après la mort de Jenatzy, la Jamais Contente sera rachetée par la société Fulmen, dont les accumulateurs étaient utilisés dans la Jamais Contente. Entreposée sans trop d’égards, la carrosserie en aluminium sera rongée par les vapeurs d’acide des batteries. La Jamais Contente a été offerte au Musée National de la Voiture en 1933. 

Au fil des années, plusieurs restaurations ont été effectuées, et lors de la dernière en 1958, les tôles d’aluminium trop détériorées sont entièrement remplacées par des tôles formées aux cotes initiales et fixées suivant la technique d’origine. Le châssis et la structure sont d’origine, par contre les batteries et les moteurs ont disparu depuis longtemps. Quelques répliques de la Jamais Contente ont été réalisées et sont exposées dans des musées, notamment au Musée National de l’Automobile et au Musée Autoworld de Bruxelles. 

Merci et à bientôt

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