A travers son programme un arbre une attestation, la FFVE contribue à la préservation de la forêt française mais pas seulement : elle célèbre un matériau qui a beaucoup compté dans l’histoire de l’automobile.

L’ancêtre de toutes les automobiles, le Fardier de Cugnot de 1771, était très largement réalisé en bois.
Le 16 mars 2023, la FFVE plantait sur l’autodrome de Linas Montlhéry le 100 000ème arbre du programme un arbre une attestation, né en 2019. Un succès qui se poursuit en 2025 : la barre des 150 000 est en vue. Ce faisant, la Fédération compense en partie les — déjà faibles — émissions de CO2 émises par les véhicules d’époque mais la démarche apparaît bien plus ambitieuse. Ce programme retisse en effet un lien historique. Car le bois a été au cœur de la construction automobile lors de la première partie du XXème siècle. Encore aujourd’hui, il reste utilisé pour décorer les intérieurs les plus prestigieux, respectant une tradition née avant même le moteur à explosion.
Un héritage hippomobile
Au début de l’automobile, l’immense majorité des marques produisent des châssis motorisés, mais pas leurs propres carrosseries. Elles sont réalisées chez les carrossiers, dont la plupart sont nés bien avant l’avènement du moteur : ils réalisent des attelages hippomobiles, pour lesquels ont déjà été inventés les suspensions à lames, les carrosseries autoporteuses et les perfectionnements de l’art de la roue. C’est également durant l’ère du cheval que les coupé, cabriolet ou torpedo sont inventés. Ces entreprises ont largement adapté leur savoir-faire au nouveau moyen de locomotion, en utilisant les mêmes essences de bois : l’acacia et l’orme pour les roues et principalement le frêne pour les structures, en raison de sa dureté mais également de sa faculté à être formé. Lorsque l’automobile devient une industrie, le bois continue d’être central dans sa réalisation. Les carrosseries des Ford T, Citroën 5 CV, Peugeot 201 et autres Renault Celtaquatre reposent encore sur des armatures en bois, même si leurs panneaux de carrosserie sont bien métalliques. Après-guerre, le tout acier, plus adapté à la production de masse, devient la norme, mais le bois reste utilisé par de nombreux constructeurs artisanaux et même par quelques grandes marques américaines pour certains de leurs modèles des années 50 : c’est la mode des « woody ». Des modèles britanniques de grande série comme les Morris Minor Traveller ou Mini Countryman utilisent d’ailleurs encore ce matériau dans les années 50 et 60 pour la partie arrière de leur carrosserie.

La Type A de Louis Renault réalisée à partie de 1898 utilise elle aussi très largement ce matériau pour sa caisse et ses ailes, même si elle recourt déjà à des jantes métalliques.
Le bois, marque de noblesse
Malgré l’avènement des écrans tout-puissant, le bois reste une marque de distinction dans les intérieurs automobiles modernes, qui reprennent là encore une tradition séculaire. La fameuse loupe d’orme ou de noyer qui décore certaines planches de bord s’inscrit dans la lignée d’un art de la marqueterie qui était déjà employé pour décorer les intérieurs de voitures à cheval de luxe. De la planche de bord des Bugatti 57 jusqu’à celle des MVS Venturi en passant par celle des Jaguar MK2, le bois est resté privilégié par les marques de luxe pour cet usage. Matériau vivant, chaleureux, intemporel, il n’a encore jamais trouvé d’égal.
Fransylva et la FFVE : quand l’histoire du bois rejoint l’actualité des forêts
L’histoire du bois dans l’automobile, mise en lumière par le programme « Un arbre pour chaque attestation » de la FFVE, résonne aujourd’hui avec les enjeux contemporains de la forêt privée que défend Fransylva. Si le bois a longtemps symbolisé noblesse et modernité dans la construction automobile, il est désormais au cœur d’un autre combat : celui de la préservation et de la gestion durable des forêts françaises. Les récents incendies, notamment dans l’Aude, rappellent la vulnérabilité de ce patrimoine.
Fransylva agit pour défendre les intérêts des propriétaires forestiers, les accompagner dans la gestion durable de leurs parcelles et répondre aux défis climatiques. Elle plaide pour des mesures concrètes — prévention par le débroussaillement, amélioration de l’accès à l’eau, levée des freins réglementaires — et propose des solutions d’assurance adaptées pour sécuriser les forêts. Les propriétaires, en première ligne, expriment des besoins clairs : être soutenus dans la gestion de leurs bois, disposer de moyens efficaces pour protéger leurs plantations et valoriser un héritage à la fois écologique, culturel et économique. Du volant de bois d’une Bugatti aux forêts d’aujourd’hui, il s’agit toujours de reconnaître et de protéger un matériau vivant qui relie mémoire et avenir.