Les plaques qui démangent, Part II

Déc 8, 2023 | Actualités, Garage, HISTOIRE

Citroen Karin concept 1980 les commandes sont circulaires autour du volant pas rond

Deuxième épisode (1) : Numerobis 🤔

 

                     

 

 

© Philippe Ladure, numérologue amateur 🤔

 

Précédemment, ont été évoqués les système SIV actuel et système FNI (d’hier), pour remonter jusqu’en 1950. Était-ce mieux avant ?

Avant-hier entre 1928 et 1950, la compétence administrative était transférée depuis les bureaux des Mines, régionaux, vers les préfectures départementales. Deux lettres en fin de plaque (et pas deux numéros comme entre 1950 et 2009) étaient attribuées, suivant des projections initiales de 1928, sans relation avec le numéro du département. De plus, le numéro changera (sauf exception) en cas de vente ou d’un même propriétaire changeant de département.

Notre brillante administration préfectorale de l’époque a fait preuve d’une logique imparable en commençant l’attribution en 1928 pour le département de l’Ain, par le couple « AB » (2) : « 1AB », puis « 2AB » jusqu’à « 9999AB ». Ensuite, c’était « 1AB1 » (en janvier 1931), « 2AB1 », etc. Ensuite, viendront « AB2 », « AB3 ». En aout 1947, ce sera « 8043AB4 » et pour un dernier numéro dans ce système en janvier 1950 « 4941AB5 »). Environ 55 000 véhicules sont ainsi immatriculés dans l’Ain. De façon terriblement optimiste, l’administration avait mis de côté pour l’Ain les couples « AB », « AC », « AD » et « AE » (et de 1 à 9 pour chaque couple), soit 500 000 véhicules possibles…

Pas grave…

Mais en conséquence, pour le département suivant, l’Aisne, on a donc commencé en 1928 par le couple « AF » (oui, après le « E » réservé par anticipation pour l’Ain, vient « F » : logique !). Et l’administration réservera pour l’Aisne jusqu’à « 9999AM9 ». En pratique, on immatriculera seulement entre « 1AF » à « 2758AF8 ».

Puisque l’Aisne avait réservé jusqu’en « AM », on attribue à l’Allier le couple « AN ». Et ainsi de suite.

Pour la Creuse, il a été attribué en 1928 par anticipation (on reconnait là la clairvoyance de la projection de l’administration vers le futur) les numéros des séries « ED », « ED1 » jusqu’à « 9999ED9 » et « 1EF » jusqu’à « 9999EF9 » (la Dordogne débute donc avec le couple « EG » : dîtes, vous suivez ?). Or, la dernière immatriculation creusoise est : 4285ED2 en mai 1950 (soit environ 25 000 véhicules sur les 200 000 réservés). Le record d’optimisme préfectoral a été illustré avec la Lozère («1 JZ » en 1928), qui immatriculera environ 12 000 véhicules (mars 1950 : 1665 JZ1) sur les 200 000 prévus ! En 32 ans (dont 5 années sombres de guerre), cela fait 2 véhicules par jour à enregistrer à Mende.

Et pour la Seine, alors ? Les immatriculations ont débuté par les séries « RB » (mars 1928), puis « RB1 » jusqu’à « RB9 » (dès avril 1929), puis « RD », « RD1 » à « RD9 », puis « RE » jusqu’à « RE9 » (avril 1931) jusqu’à « RM4 » en mars 1939 puis « RS5 » en mars 1950 …

Stop, on arrête !

Si on enlève les lettres interdites comme le « I », le « O » et le « W » ainsi que les couples se référant à l’identification d’un pays (comme « CH » pour la Suisse, « RA » pour l’Argentine – et voilà pourquoi la Seine commence avec « RB », : c’est logique, non ? « RP » pour la Chine ou « PL » pour la Pologne), toutes les exceptions font de ce système un modèle d’opacité. Aujourd’hui, on sait que huit départements seulement ont nécessité des couples de lettres additionnels…

Heureusement, quelques passionnés ont compilé laborieusement et efficacement les éléments officiels pour que l’on puisse attribuer, non seulement un département mais également une datation, à partir de l’immatriculation d’un véhicule dont on a égaré les (vieux) papiers ou le véhicule (3).

Comme pour le système FNI (voir partie 1), le numéro d’immatriculation correspond au couple véhicule-propriétaire. Ainsi, grâce à l’immatriculation 6490RN3, les photos d’époque montrent la même majestueuse Renault Suprastella de la République Française, avec à son bord, successivement, le chef de l’état Français (le Ml Ph. Pétain) en 1942, le chef du gouvernement provisoire (le Gl Ch. De Gaulle), puis le premier Président élu de la IV° République Française (4) : V. Auriol.

Pour le prochain texte, en remontant le temps, nous serons les visiteurs d’avant 1928…

A voir :

https://www.eplaque.fr/infos/histoire-plaque-immatriculation-france

https://gallica.bnf.fr

http://immat1928.free.fr/index2.html

https://www.cnil.fr/fr/siv-systeme-dimmatriculation-des-vehicules-0

https://plaques-immatriculation.info/stats

https://francoplaque.fr

http://docimmat.free.fr/

http://www.antiqbrocdelatour.com/Les-collections/voitures-anciennes-doc/2g-photos-originales-21.php

https://www.guide-automobiles-anciennes.com/VOITURE/panhard-p2c-antoinette-2234.htm

(1) : J’avais annoncé une seconde page, mais ce sera une deuxième page car il m’en faudra aussi une troisième.

(2) ah oui, on a exclu toutes les doubles lettres comme AA, BB, CC, DD, …

(3) Il y a même des experts passionnés qui savent par cœur que l’immatriculation 1521NV4 est l’une du châssis numéro 57453… de la mythique Bugatti Atlantique disparue…

(4) En effet, cet exposé rapporte principalement les immatriculations des voitures automobiles et ne concerne pas (i) les plaques hors SIV, (ii) celles des pays de l’Union Européenne d’avant 2009, (iii) les corps diplomatiques, militaires, administrations, (iv) immatriculations temporaires, (v) hors plaques garages (généralement en « W », (vi) ni les cycles, vélomoteurs, remorques et tracteurs agricoles et sont, en plus, limitées à la France continentale : quasiment rien, donc !

 

 

Légende photos partie 2

Photo 22 : ce 2BA est le deuxième véhicule immatriculé dans les Alpes Maritimes en octobre 1928.

Photo 23 : Certains musées présentent des véhicules restaurés avec leur immatriculation d’origine (ici, environ 1929 dans les Charentes Inférieures – Maritimes aujourd’hui).

Photo 24 : Nous sommes dans le Cantal vers 1938 pour cette Renault. La plaque minéralogique est simple : lettres et chiffres blancs sur fond noir.

Photo 25 : Les marques ne manquent pas d’imagination ; ici, cette Peugeot immatriculée dans l’Aude vers 1937 est rétroéclairée.

Photo 26 : Autre proposition de l’accessoiriste Oda : des chiffres et des lettres garnis de matière réfléchissante comme les catadioptres pour ce véhicule de l’Allier.

Photo 27 : Les numéros sont ici en aluminium et en relief.

Photo 28 : simple tôle peinte pour une voiture mythique : 3904RF6. La Bugatti Royale cabriolet de M.Esders a été immatriculée dans le département de la Seine entre janvier et mars 1932.

Photo 29 : rare vue d’une Julien, voiturette construite à Toulouse, datée par son immatriculation début 1947

 

Photos 30 a (1942), 30 b (1946), 30 c (1949) : le même char de l’état pour trois chefs successifs ;

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