Lorraine-Dietrich, marque oubliée, pionnière de l’industrie automobile.

Mar 31, 2023 | Actualités, HISTOIRE, Icôniques

Comment deux noms bien connus ont pu composer une marque ?

La Lorraine, très belle région de France connue pour son or fruité : la mirabelle. On y découvre de très belles villes, dont Nancy maison de la famille des Hasbourg-Lorraine, de magnifiques villages et une nature incroyable dominée par les sommets vosgiens.

Dietrich, plus connu sous la forme « de Dietrich », est une marque grand public d’électroménager. Les aficionados d’histoire pourront également vous dire que ce nom est intimement lié à la composition de l’hymne national, la Marseillaise.

Un nom de famille accolé à la Lorraine pour devenir un constructeur automobile ?

Tout commence à Niederbronn-les-Bains dans le nord des Vosges. Jean Dietrich fonde une société exploitant des forges en 1684. Pour service rendu au pays, le roi Louis XV anoblit la famille en 1761. Au fil du XVIII, siècle, leur empire métallurgique prend de l’ampleur. Ils se lancent avec succès dans différents métiers.

Lors de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne. L’entreprise est obligée de diversifier ses activités afin d’assurer sa pérennité. C’est le début de l’ère des biens de consommation durables : poêles, cuisinières… En 1879, afin de conserver la production ferroviaire, Eugène de Dietrich décide d’acheter des terrains en Lorraine libre, à Lunéville, près de Nancy. Lieu où sera construite l’usine de la future production automobile.

À date, l’entreprise n’a encore produit aucune automobile. Elle souhaite assurer la production ferroviaire. Adrien de Turckheim, neveu d’Eugène de Dietrich, rencontre la famille Bollée au Mans. Il y découvre le moteur à explosion. Le lien est tout de suite fait avec son oncle qu’il appelle afin d’organiser une rencontre avec la famille Bollée. Les de Dietrich achètent la licence de fabrication du tricycle à Léon Bollée. Néanmoins, ce fut un réel échec. Néanmoins Amédée Bollée, frère de Léon, vient de créer un quadricycle dont la licence serait à prix plus attractif.

Eugène de Dietrich lance : « Je prends le train pour Nice, si votre véhicule rejoint la promenade des Anglais par ses propres moyens, nous signerons notre contrat ». Amédée Bollée fils et Adrien de Turckheim, rejoignent Nice en plein hiver, avec neige et verglas, soit un trajet d’environ 1 000 km.

Ce contrat transforme la marque Dietrich en constructeur automobile grâce à son usine de Lunéville. On notera également que le ministère de la Guerre prima la marque Lorraine-Dietrich pour la construction de poids lourds offrant 1 200 kg de charge utile.

Les passionnés d’automobile connaissant bien la ville de Poissy pour être l’un des centres industriels français automobiles. La ville fait également parti de l’histoire de la marque Lorraine-Dietrich. La licence pour la construction d’automobiles dans l’usine en territoire annexé par les Allemands est signée au restaurant l’Esturgeon à Poissy.

Adrien de Turckheim, neveu d’Eugène de Dietrich, rencontre un certain Ettore Bugatti lors de l’exposition automobile de 1901 à Milan. Ce jeune ingénieur de 19 ans veinait juste d’être récompensé pour son quadricycle.

Ettore Bugatti travailla pour l’usine de Niederbronn en zone annexée. Du côté de Lunéville, les De Dietrich sous licences Turcat-Méry collectionnent les réussites techniques et commerciales.

1904, 3 ans après le recrutement d’Ettore Bugatti, la situation se complique à l’usine de Niederbronn. La relation entre le jeune ingénieur et Eugène de Dietrich s’assombrit. Le contrat est rompu ce qui signe la fin de la production automobile à Niederbronn. Effet immédiat ! les deux familles, De Dietrich et Turckhiem, rompent les liens industriels. L’usine de Lunéville gérée par la branche Turckhiem prend son autonomie et la marque Lorraine-Dietrich est créée.

Lorraine-Dietrich, la naissance d’une marque.

La marque Lorraine-Dietrich a remporté plusieurs victoires en endurance : 

le Paris-Madrid en 1903 et les 24 Heures du Mans en 1925 et 1926. Pour marquer l’histoire avec panache, les Lorraine-Dietrich sont également les première voitures à dépasser les 100 km/h lors des 24 h du Mans. La marque s’inscrit alors dans l’histoire en étant le premier constructeur à remporter deux victoires consécutives en 1925 et 1926 puis, cette dernière année, en signant le premier triplé de la toute jeune histoire des 24 Heures du Mans. Un sans faute!

Afin d’assurer son expansion, Lorraine-Dietrich ouvrit une usine à Argenteuil, non loin de Paris. Lors de la Première Guerre mondiale, l’usine se spécialise dans l’aviation afin de soutenir l’effort de guerre. Malheureusement en 1935, la toute dernière Lorraine-Dietrich quitte l’usine d’Argenteuil. Le dernier camion sorti de l’usine en 1939. L’usine sera reprise en 1941 par un avionneur lequel deviendra la Snecma puis Dassault Aviation. Le site appartient toujours à Dassault Aviation à ce jour.

Louis SRL contributeur

Pour en savoir plus 

https://www.ffve-sites-remarquables.org/visit/lorraine-dietrich  

https://www.ffve-sites-remarquables.org/visit/ancienne-usine-lorraine-dietrich  

Sources : L’Est Républicain, La Vie de l’Auto (LVA), Actu Oise, Auto Plus, Louis SLR, ACO, “Lorraine-Dietrich De la voiture de grand luxe au géant de l’aéronautique” paru chez E.T.AI. en 2017. 

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