« Planter des chênes, c’est un pari d’optimisme sur l’avenir » – Rencontre avec Paul Albert, propriétaire-exploitant forestier

Ambiance hivernale sur la parcelle forestière de Paul Albert en plein mois de février.
Dans le cadre du programme « Un arbre pour chaque attestation » de la FFVE, nous sommes partis à la rencontre de Paul Albert, propriétaire-exploitant forestier à Recey-sur-Ource dans la Côte-d’Or. Depuis une quinzaine d’années, Paul consacre son énergie à valoriser ses parcelles forestières dans une vision clairement tournée vers le long terme.
L’une de ses parcelles a bénéficié, en février-mars 2024, d’une opération de reboisement soutenue par la FFVE. Ce terrain, rasé quelques années auparavant par l’ancien propriétaire, a été replanté en chênes pubescents, une essence particulièrement adaptée à son environnement. « Le chêne pubescent, explique Paul, est un feuillu méditerranéen qui supporte bien la chaleur grâce à de petits poils sous ses feuilles. Il s’intègre harmonieusement avec les chênes sessiles et pédonculés voisins. »
Un pari forestier à long terme
La parcelle concernée avait été rasée en 2018 par son ancien propriétaire, avant d’être attribuée à Paul en 2019 par la SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural). Envahie par une végétation spontanée – camérier, cornouiller, viorne, prunelier, noisetier –, elle a nécessité un important travail de préparation avant reboisement. Le choix s’est porté sur le chêne pubescent, un feuillu originaire du pourtour méditerranéen. « Ce chêne est remarquable par sa capacité à supporter la chaleur grâce aux petits poils sous ses feuilles, explique Paul. Il se fond avec son environnement, Il s’hybride en harmonie avec les chênes environnants, sessiles et pédonculés. »
Grâce à une saison 2024 généreusement arrosée, la reprise a été très satisfaisante. Les jeunes plants ont fait face à une végétation envahissante et aux attaques de gibier, mais les soins apportés – dégagements, traitements répulsifs – leur ont permis de s’installer durablement. 2024 a vu des précipitations régulières et généreuses, qui ont fait grand bien à la végétation. Le taux de mortalité naturelle a été faible. Les pertes sont dues au gibier, abondant, qui peut causer des ravages. « Reste à voir, ajoute-t-il, comment ils résisteront à l’été 2025, qui s’annonce chaud et sec. »
Biodiversité et philosophie
Située à Recey-sur-Ource, la parcelle s’inscrit dans un paysage où alternent prairies, élevage ovin extensif et massifs boisés. « Flore et faune se complètent harmonieusement, souligne Paul. Dans la faune, je préfère les papillons aux sangliers ! »
L’enjeu, pour lui, dépasse largement la gestion d’une parcelle. Paul résume son engagement ainsi : « Le long terme. Tout le contraire de la recherche du lucre immédiat. Planter des chênes représente un pari d’optimisme sur l’avenir, au-delà de soi, puisque l’exploitation interviendra dans 80 ans au moins… C’est une manière d’investir dans l’avenir, pour mes petits-enfants qui ne sont pas encore nés. »
Des souvenirs forts
Si Paul parle avec passion de sa forêt, il garde aussi des images marquantes de ce travail patient : « Les petits matins d’hiver sur le plateau de Langres, débuter le travail à sept heures solaires, par des températures franchement négatives … C’est vivifiant !” L’ardeur vient naturellement car elle réchauffe. Et quand le soleil se lève, c’est un instant magique qui fait oublier tous les tracas. »
Quand le bois habille l’automobile
Cet attachement au bois ne se limite pas à la forêt. Paul rappelle son rôle dans l’histoire automobile : « Entre les carrosseries, et les châssis en bois des premières automobiles, le beau bois donne une touche de distinction aux tableaux de bord en particulier. Tout le monde connaît la loupe de noyer. Contre-portes ou consoles centrales bénéficient d’un grand raffinement si elles sont garnies de bois vernis. »
Et parce que passion de la forêt et passion automobile peuvent se rencontrer, Paul a lui-même un lien direct avec le patrimoine roulant. Grâce à la FFVE, il a pu obtenir une attestation de datation permettant l’immatriculation en véhicule de collection d’une voiture auparavant enregistrée en Europe, mais hors de l’Union européenne.
Pour en savoir plus sur notre programme : Un arbre pour chaque attestation