Un tableau dans votre voiture ? II

la saga du tableau de bord

suite & fin

Philipe Ladure nous fait vivre (Clin d’oeil culture ) , les prémices des tableaux de bord numéro 2

Plus récemment, depuis une quarantaine d’années, au sein d’une même marque, d’une même gamme, ce n’est plus l’évolution par des compléments d’indicateurs, cadrans, manettes, tirettes ou boutons, que les planches de bord vont s’équiper, c’est par l’irruption des nouvelles technologies embarquées. Elles vont bouleverser l’agencement du tableau de bord et de la planche de bord. Même dans les citadines, les petites cylindrées, les écrans tactiles sont proposés. 

Parfois, des solutions originales sont commercialisées : les commandes incluses dans le volant, comme cela s’est aujourd’hui généralisé. Le conducteur peut s’occuper les pouces et même modifier la station de l’autoradio (inclus de série) sans l’aide du passager. Un vrai progrès ! 

Le voyant rouge unique qui signifiait « arrêt d’urgence » est remplacé par des voyants : un pour la pression d’huile, un autre pour la température d’eau, un troisième pour la tension de la courroie, d’autres pour la charge de la batterie, et celui qui témoigne de coffre/ portière/capot ouvert (s)… D’ailleurs, le « manuel d’utilisation » – lequel a depuis longtemps remplacé le « manuel d’entretien » – regroupe les significations des divers voyants, les pictogrammes étant de plus en plus mystérieux. On est mieux renseigné, mais il faut tout de même stopper. On peut ainsi renseigner le garagiste qui viendra dépanner l’auto. 

On constate facilement que l’on est passé d’une fonction de base des éléments du tableau de bord à une finalité technique de plus en plus complète pour arriver à une dimension esthétique à forte influence du design. En matière de design, rappelons la rupture que les tableaux de bord des premières Citroën DS ont déclenchés et ses évolutions ultérieures, de plus en plus conventionnelles. 

On reconnaissait facilement une marque par son allure, sa calandre, sa mascotte de radiateur parfois son bruit caractéristique (encore aujourd’hui, certaines autos à moteur électrique font un bruit rajouté spécifique) et peut-être, plus récemment, par son tableau de bord et son ambiance « siglée » pour capter ou pour fidéliser la clientèle ? Ce sera ambiance sport, ambiance famille, ambiance chic et luxe, ambiance confort sans plus, ambiance bas de gamme, que le marketing du jour remplace par « entrée de gamme », plus flatteur. On est loin de la fonction initiale puisque l’ordinateur de bord maintient la vitesse constante, fait ralentir l’allure en cas de distance non respectée, corrige la trajectoire de l’auto si elle s’approche trop du bord, signale quand la vitesse est dépassée dans un certain tronçon… Le même système va faire se garer la voiture automatiquement, même pour un créneau, ce qui supprimera le voyant de feu de recul, le bouton marche/arrêt du radar de recul… Et l’apparition d’un voyant quelconque sur le tableau de bord va entrainer l’obligation d’aller vers le garage et sa fameuse valise de diagnostic, tant il est presque impossible aujourd’hui de recharger soi-même une batterie, de changer un fusible ou une ampoule… 

Notre futur sera une voiture autonome qui permettra (ou autorisera ?) d’aller, avec ou sans votre intervention du départ à un point d’arrivée. Y a-t-il encore l’utilité d’un tableau de bord ? Oui, seulement une série de voyants pour non-voyants et au moins une montre ! 

                                               Philippe Ladure, Historien & Amateur spécialiste marque Avion – Voisin